Justice sociale : de la mobilisation à la mobilité sociale. L’expérience de l’injustice au Chili (1990-2010)
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The research addresses the normative work of justice that individuals perform in a highly unequal society like the Chilean one. In order to understand the coexistence between strong social inequalities and a strong social stability, we discuss the representations of inequalities and also the normative mechanisms shaping the experience of injustice in the case of this particular country. How does the experience of injustice is configured in Chilean society? What are the arrangements between the principles of justice that lead to perceive a certain inequality as unfair? And, in what kinds of social relationships is the feeling of injustice generated? The research aims to demonstrate a historical thesis: Chilean society has moved from a model of "social mobilization" to a neo-liberal model of "social mobility". While in the first model, justice issues - of structural nature -, would have been expressed in terms of social class, in the second model the feeling of injustice would be perceived regarding the process of individualization. From a historical and sociological analysis, the research provides a reflection on the construction of critical judgment as normative activity in Chile, during the twenty years that followed the transition to democracy. The thesis falls within a pragmatic sociology applied to social justice, bringing together the dimensions of legitimacy and social criticism in the construction of the critical discourse of the individuals interviewed (45)
Abstract FR:
Cette recherche aborde le travail normatif de justice que les individus réalisent dans une société fortement inégalitaire comme la chilienne. Dans le but de comprendre la coexistence des fortes inégalités sociales avec une grande stabilité sociale, nous abordons les représentations des inégalités ainsi que les mécanismes normatifs façonnant la expérience de l’injustice dans ce pays. Comment l’expérience de l’injustice se configure-t-elle dans la société chilienne ? Quels sont les arrangements des principes de la justice qui conduisent à percevoir telle inégalité comme injuste ? Et dans quel type de relations sociales se produisent les sentiments d’injustice ? Cette recherche vise à démontrer une thèse historique : la société chilienne aurait transité d’un modèle de "mobilisation" vers un modèle néolibéral de "mobilité sociale" ; dans le premier modèle, les questions de justice, de nature structurelle, se seraient exprimées en termes de classe sociale, tandis que dans le second modèle les sentiments d’injustice seraient plutôt perçus à partir des processus d’individualisation. A partir d’une analyse historique et sociologique, cette recherche offre une réflexion sur la construction du jugement critique en tant qu’activité normative au Chili, au cours des vingt ans qui ont fait suite à la transition démocratique. La thèse s’inscrit dans une sociologie pragmatique appliquée à la justice sociale, mettant en relation les dimensions de la légitimation et la critique sociale dans le discours critique des individus interviewés (45).