Surveillantes dans les prisons pour hommes : une étude clinique des enjeux institutionnels et psychiques
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This study analyses the resistances expressed by French prison guards, when confronted to the relatively recent assignment of female colleagues in prisons for men. Mobilizing a clinical epistemology, it focuses on a subjective and cross-disciplinary approach of the way prison guards express their opinions, analysis and feelings. The outcomes show that these resistances are linked to the military and religious origins of the prisons which were, until recently, monosexual. Besides, female presence, in this particular environment, changes relations built upon a strict sexual discrimination. It also introduces risks of competing behaviors and of transgressing the forbidden intimacy. Thus, women's presence compels the staff and the penitentiary administration to reconsider the sexual and affective frustrations suffered by prison inmates. This subsequent development must be analysed through the general history of women going into traditionally male occupations, thus challenging hegemonic masculinity and contesting the traditional division of labour. By law, only male guards can strip-search male inmates in France: this task, considered as « dirty work », intensifies male guards' feelings of injustice as it compels them to transgress the major proscription attached to the respect of the Skin-Ego, namely the first narcissistic envelope. The abolition of tight limits between males and females increases the need to resort to splittings between guards and prisoners on both a physical and psychic basis. To pursue this policy, considering the interferences between the institutional, professional and psychological dimensions, appear necessary.
Abstract FR:
Cette recherche analyse les résistances exprimées par les personnels de l'administration pénitentiaire française, confrontés à la présence relativement récente de surveillantes dans les détentions pour hommes Nous avons utilisé, dans une perspective transdisciplinaire et qualitative, l'épistémologie clinique au cours d'entretiens semi-directifs, avec les résultats suivants : l'histoire de la prison depuis ses origines, montre le poids de l'Armée et de l'Eglise traditionnellement monosexuées. La mixité en menaçant des équilibres basés jusque-là sur une séparation rigoureuse des deux sexes, favorise une forme de « familialisme pénitentiaire » fait de rivalités, de solidarités et d'interdits. En outre, la présence de surveillantes oblige désormais les personnels et l'institution à tenir compte des conséquences des frustrations que cet univers impose aux détenus sur les plans sexuels et affectifs. Cette évolution remet également en cause l'hégémonie masculine et bouscule une répartition traditionnelle du travail sexué : c'est réglementairement aux seuls surveillants qu'incombe la tâche d'effectuer le « sale boulot » que représentent les fouilles sur les détenus. Cela les oblige à transgresser un interdit majeur portant sur le toucher vécu de manière intrusive, qui sert de point de cristallisation à l'expression de divers sentiments d'injustice. On note aussi que l'abolition de frontières jusque-là étanches entre les deux sexes renforce des défenses basées sur un clivage nécessaire au maintien d'une distance infranchissable entre surveillants et détenus. Cette évolution doit tenir compte de ces interférences entre institutionnel, professionnel et psychique.