L'Etat et les espaces abandonnés : l'exemple de la terrasse méditerranéenne
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
In this late xxth century, certain parts of the french rural space neglected by agriculture, lie fallow again. This phenomenon does not take place in indifference. New interest has been observed for a few years for these spaces condemned from an agricultural production point of view. Such is the case for the terraces of mediterranean crops. Why and how do society and the state question themselves and react to this type of marginalized space? the idea of re-using terraces results form the meeting between a regional association of living environment and the state policies of requalification of the rural area. The ideological vagueness and the ambivalence of the speeches, by hiding the divergences, enable the idea to become a plan, then action through an interdepartmental programme. This realization springs from an anxiety of the different protagonists facing the social gap symbolized by a fallow agricultural space, and its stake is an identity assertion and legitimary research. The opaqueness of social game, determining for the genesis of the programme, results in contradictions for its implementation. Thus, the ambiguity of the way the state works, linked with the inertia of local populations, leads to an abstract and imaginary re-invention of terraces at the expense of their concrete redevelopment. Nevertheless, both partake of modermity. They take roots dialectically in the diversification of the social uses of the rural space. Previously a means of agricultural production, the terrace also becomes a place of recreation and patrimony object. This change, correlative to a transformation of the idea of nature and its implementation, is legitimated by a resort to the past.
Abstract FR:
En cette fin du xxeme siecle, certaines parties de l'espace rural francais progressivement delaissees par l'agriculture, retourment a la friche. Ce phenomene ne se produit pas dans l'indifference. On assiste depuis quelques annees a un regain d'interet pour ces zones condamnees du point de vue de la production agricole. Tel est le cas des terrasses de culture mediterraneennes. Pourquoi et comment la societe et l'etat s'interrogentils et reagissent-ils a ce type d'espace marginalise? l'idee d'une re-utilisation des terrasses resulte de la rencontre entre une association regionale du cadre de vie et les politiques etatiques de requalification du territoire rural. Le flou ideologique et l'ambivalence des discours, en masquant les divergences, permettent a l'idee de devenir projet, puis action a travers un programme interministeriel. Cette concretisation a pour ressort un inquietude des differents protagonistes face au vide social symbolise par un espace agricole abandonne, et pour enjeu une affirmation identitaire et une recherche de legitimite. L'opacite du jeu social, determinante pour la genese du programme, est a l'origine de contradictions dans sa mise en oeuvre. Ainsi, l'ambiguite du fonctionnement de l'etat, conjuguee a l'inertie des populations locales, conduit a une re-invention abstraite et imaginaire des terrasses aux depens de leur remise en valeur concrete. Neanmoins, l'une et l'autre participent de la modernite. Elles s'enracinent dialectiquement dans la diversification des usages sociaux de l'espace rural. De moyen de production agricole, la terrasse devient aussi lieu de recreation et objet patrimonial. Ce changement, correlatif d'une transformation de l'idee de nature et de sa mise en oeuvre, est legitime par un recours au passe. Le reinvestissement social des terrasses pose la question du role de l'etat et celle de l'identite, de la fonction et du statut des agriculteurs dans la societe d'aujourd'hui.