Construire sa place : le processus de stabilisation de nouveaux intervenants du social
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The thesis analyses innovative forms of social intervention programs created recently in France, known as “social mediation” and carried out by “mediation workers”. These new work forms have developed largely since 1997 through the impetus of two public policy devices intended to curb unemployment. The theoretical question is to understand under what conditions these recently created occupations are stabilised. The analysis focuses on three groups of workers : “municipal mediation workers” ; “urban regulators” ; “women-liaisons” employed by a non-profit association. The analysis is based on the formal sociology of Georg Simmel. It underlines that in these recently created positions, the workers do not make their place by constituting an autonomous group. This is accomplished however by creating links with established professions of social work. They are part of a collective entity which is not a professional group but a system of interactions constituted by three types of actors : precarious populations, traditional social workers and financial organisms. This collective entity is regulated by a main mecanism – reciprocal action – which tends to stabilise interactions as well as the recently created worker positions. So, these occupational actors gain a form of stability by taking part in the network of relations with different interlocutors. But this form of stabilization is precarious given that it is dependant on temporary work contracts and of the strategies of actors who constitute the collective body.
Abstract FR:
La thèse analyse de nouvelles catégories d'intervenants qui ont émergé dans le secteur de l'intervention sociale. Communément appelés "médiateurs sociaux", ces intervenants sont soutenus par des formes d’emploi temporaires initiées par les pouvoirs publics dans le cadre de programmes de soutien de l'emploi initiés en France au milieu des années 1990. Le projet théorique a consisté à retracer et à analyser le processus par lequel trois catégories d’intervenants - une équipe de “ médiateurs sociaux ”, une de “ modérateurs urbains ” et une association de “ femmes-relais ” - conquièrent un espace d’intervention et donnent une forme de permanence à leur existence. En s’appuyant sur la sociologie formelle de Georg Simmel, la thèse montre que ces intervenants obtiennent une place et une forme de stabilité non pas en se constituant en groupe autonome mais en se rendant malléables. C’est en s’adossant à des professions existantes, principalement les fonctions classiques du travail social, qu’ils obtiennent un périmètre de tâches à accomplir. Ils s’insèrent dans un collectif dont les contours ne suivent pas le découpage d’un groupe professionnel : celui-ci rassemble trois catégories d’acteurs hétérogènes - les publics fragilisés, les professionnels locaux et les bailleurs de fonds. Ce collectif s’organise autour d’un mécanisme principal - l’action réciproque - qui tend à rendre stables et récurrentes les interactions engagées. Ce sont ces systèmes d’interaction qui donnent une forme de stabilité aux intervenants. Celle-ci demeure précaire, étant adossée à des formes d’emploi temporaires, et dépendante des stratégies engagées par chacun des acteurs composant le collectif.