thesis

L' échange de faveurs au sein des couches moyennes chiliennes : de l'entraide informelle à la régulation sociale

Defense date:

Jan. 1, 2002

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

The exchange of favours is an almost institutionalised practice in Chile. In middle classes, it constitutes a form of social regulation between market economy and redistribution of resources by the State. It still endures today, under the shape of constant and systematic exchange of help among relatives, friends and acquaintances. This help is capitalised through a symbolic debt. It generates an important and obligatory reciprocity. The exchange of favours lies in a mutual and horizontal relationship among friends and acquaintances. This practice emerged in the 1920’s, at the time when the development of the administrative services of the State allowed the expansion of an important middle class. Despite the drastic transformations of the economic and social structure of the country under Pinochet’s dictatorship, it is still a central practice in Chile. The exchange of favours is an extensive, determinant and indispensable phenomenon in order to obtain employment or services and goods, which can not be attained due to deficient operation of the public services or market, unless it is through personalisation of links and instrumentalisation of social capital. It is a form of organic non-objective solidarity, which rests on the constitution of networks of trust. We show how this notion explains the construction of relational spaces of middle classes, the adaptation strategies of this group and the manner in which trust is structured around rules that determine the socialisation of middle layers of society. The exchange of favours is an example of permanency of a strong affective and functional link in a country where the paradoxes of modernisation are frequently underlined.

Abstract FR:

L’échange de faveurs est une pratique quasiment institutionnalisée au Chili. Au sein des classes moyennes, il s’agit d’une forme de régulation sociale entre économie de marché et redistribution de la part de l’Etat, qui perdure sous la forme d’un échange constant et systématique d’assistance, d’aide, d’appui entre parents, amis et connaissances. Cette aide se capitalise sous forme de dette symbolique et détermine une réciprocité importante et obligatoire. L’échange de faveurs se fonde sur une relation transitive de type horizontal entre amis et connaissances. Cette pratique est née dans les années vingt, au moment où le développement des services administratifs de l’Etat permet l’expansion d’une importante classe moyenne. Malgré les transformations drastiques de la structure économique et sociale du pays sous la dictature de Pinochet, elle n’a rien perdu de sa vigueur. L’échange de faveurs est un phénomène massif, déterminant et indispensable pour obtenir un travail, des biens ou des services auxquels on ne peut avoir accès, en raison du mauvais fonctionnement du système public ou du marché, à moins que ce ne soit à travers la personnalisation des rapports et le jeu du capital social. Il s’agit d’une forme de solidarité organique non objectivée, qui repose sur une configuration en réseaux de la confiance. Nous avons montré comment cette notion explique la conformation des espaces relationnels des classes moyennes, les stratégies adaptatives de ce groupe et la façon dont la confiance se construit autour de règles qui déterminent la sociabilité des couches moyennes. L’échange de faveurs est un exemple de maintien d’un lien affectif et fonctionnel fort dans un pays où l’on souligne à chaque instant les paradoxes de la modernisation.