thesis

La médiation musicale

Defense date:

Jan. 1, 1991

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

The social interpretation of art stand between two types of causality. One is circular, making of art a brand of social reality, the other is linear, giving art its conditions of production, diffusion and reception. The thesis uses music, an art of mediation, to overstep this opposition, which comes from the ethnological treatment given by social sciences to cultural objects. An analysis of the literature on art shows the models of mediation used to explain its relationship to society. Sociology of culture makes of art an artefact of social magic, sociology of art insists on its collective construction by all the participants of an art world. Closer from producers, history of art and social histor have filled their analyses, first only occupied by exceptional works, with a crowd of institutions and intermediary people, patrons, traders, academies, schools, museums. . . They have produced a practical theory of mediation as the reciprocal, local, heterogeneous relation between art and public. Concerning mediation, music holds a paradoxical place, interpretations make of it either the immediate expression of the social group (ethnic trance, rock concert), or the inaccessible inside language of the unspeakable. It is then shared between a musicography, which straight off pretends it is an object, and an aesthetic discourse, which takes it as the very incarnation of immediacy. Trying to overstep this opposition, the thesis analyses a series of concrete devices of musical production a rock concert, france-musique, the recording history, the revival of baroque music. Musicians are themselves playing the double role of collective fusion and of personal submission to a transcendental object. The two types of causality, circular and linear, are not possible positions for an observer from outside, but constant forms of musicians' action to produce their world, by composing into an irreversible composite its material institutional and human elements.

Abstract FR:

L'interprétation sociale de l'art est partagée entre deux modes de causalité. L'un circulaire, fait de l'objet d'art un marqueur du social; l'autre, linéaire, ajoute a l'objet une analyse de ses conditions de production, de diffusion et de réception. La thèse vise à exploiter le cas de la musique, art de la médiation, pour dépasser cette opposition, héritée du traitement ethnologique réservé aux objets culturels par les sciences sociales. Une analyse de la littérature sur l'art dégage les modèles de médiation utilisés pour rendre compte de ses rapports avec la société. La sociologie de la culture fait de l'art un artefact de la magie sociale, la sociologie de l'art en fait la construction collective des participants au monde de l'art. Plus près des producteurs, l'histoire de l'art et l'histoire sociale ont peuple leurs analyses, au départ remplies des seuls tableaux d'exception, d'une foule d'institutions et de personnages intermédiaires mécènes, marchand, académies, écoles, musées. . . Elles ont produit une théorie en acte de la médiation, comme mise en rapport réciproque, locale, hétérogène, de l'art et du public. Par rapport au problème de la médiation, la musique tient une place paradoxale; les interprétations font d'elle tantôt l'expression immédiate du collectif (transe ethnique, concert rock), tantôt l'idéal inaccessible d'un langage intérieur l'indicible. Elle est partagée entre une musicographie qui fait d'emblée comme si elle est un objet, et un discours esthétisant qui en fait l'incarnation même de l'immédiateté. Visant à dépasser ce paradoxe, la thèse analyse une série de dispositifs concrets de la production musicale : un concert rock, une audition, France-Musique, l'histoire de l'enregistrement, la réinterprétation de la musique baroque. Les musiciens eux-mêmes jouent tour a tour le jeu collectif de la fusion, et celui de la soumission à un objet transcendant. Les deux modalités circulaire et linéaire de la mise en cause ne sont pas des positions d'observateur externe, mais les formes constantes de l'action des musiciens pour produire leur monde, en composant en un mixte irréversible ses éléments matériels, institutionnels et humains.