thesis

« Tous propriétaires ! » : politiques urbaines et parcours d'accédants dans les lotissements périurbains (1970-2010)

Defense date:

Jan. 1, 2012

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Institution:

Paris, EHESS

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Abstract EN:

Today, periurban private housing developments face much criticism and negative representations. Combining ethnographic materials collected in northern Isère and in the Parisian suburbs with statistical data from the INSEE “Logement” survey, this thesis challenges some of those prevailing ideas: that of the periurban area as a space of segregation, or a place of “political and social separatism” reserved for poor so called “white” households. On the contrary, this thesis shows that far from being homogeneous, periurban private housing developments are at the heart of a current restructuration process of class, sex and race relations in the French society. This analysis of both the production of housing developments and its uses underlines the increasingly important role of local representatives in the implementation of national policies supporting house-ownership. By promoting a “controlled opening” of their territories, these representatives contribute to the settlement of residents who have neither the same social trajectories nor the same prospects of mobility: young couples from urban centers, workers from the vicinity, families from public housing units. The mixed nature of residents therefore conditions the diverse uses and ways of living in these residential areas. More specifically, with mounting financial and material burden on domestic economy, owning a house changes the opportunity cost of employment of the least skilled women and strengthens their specialization in domestic work, as compared to women with more academic capital. Besides, the recent arrival of immigrant families from Maghreb or sub-Saharan Africa in the private housing developments contributes to the racialization of neighborhood relationships, which only in part recreates lines of social fractures.

Abstract FR:

Les lotissements périurbains font aujourd'hui l’objet de nombreux discours critiques et de représentations le plus souvent négatives. Alliant matériaux ethnographiques recueillis dans le Nord de l’Isère et la région parisienne, et données statistiques de l’enquête Logement de l’INSEE, la thèse remet en cause plusieurs de ces idées répandues : celle du périurbain comme espace de ségrégation, lieu de « séparatisme social et politique » destiné à des ménages modestes dits « blancs ». Au contraire, elle montre que, loin d’être homogènes, les lotissements périurbains sont au cœur de la recomposition des rapports sociaux de classe, de sexe et de race au sein de la société française contemporaine. L’analyse, de la production des lotissements à leurs usages, souligne ainsi le rôle croissant des élus locaux dans la mise en oeuvre des politiques nationales de soutien à la propriété. Promouvant une « ouverture maîtrisée» de leurs territoires, ils contribuent à fixer sur place des habitants qui n’ont ni les mêmes trajectoires sociales, ni les mêmes perspectives de mobilité : des jeunes couples des centres urbains, des ouvriers des environs, des familles de cités HLM. Dès lors, la mixité du peuplement conditionne la diversité des usages et des modes de cohabitation sur la scène résidentielle. En particulier, en raison de son poids financier et matériel de plus en plus lourd sur l’économie domestique, la maison modifie le coût d’opportunité du travail salarié des femmes les moins qualifiées et renforce leur spécialisation dans le travail domestique, au contraire des femmes plus dotées en capitaux scolaires. En outre, l’arrivée récente de ménages issus de l’immigration maghrébine et d’Afrique subsaharienne dans les lotissements contribue à la racialisation des rapports de voisinage, qui ne recoupe qu’en partie les lignes de fractures sociales.