Abstract FR:

La dénonciation de l’échec scolaire dont sont victimes les élevés mélanésiens est au cœur du contentieux colonial contemporain en Nouvelle-Calédonie. Au croisement des champs de la sociologie, de l'histoire et de l'anthropologie, ce travail a pour objet de restituer la genèse de la question scolaire néo-calédonienne, pour mieux comprendre de quoi pourrait procéder aujourd'hui la décolonisation de l’école. La première partie expose l’état de cette question au début des années 1980, au moment de l'explosion de la revendication indépendantiste kanak. La seconde interroge une des dimensions jusqu'alors négligée de cette question scolaire, son historicité, en confrontant l'historiographie classique de la scolarisation indigène a la mémoire collective kanak de l’école recueillie par une enquête orale. La troisième présente ce qu'on peut savoir des principes de la politique scolaire coloniale entre 1853 et 1946 a travers les archives missionnaires et civiles. La quatrième montre comment la politique scolaire assimilationniste des pouvoirs publics entre la fin de l’indigénat (1946) et les << événements >> (1984) s'est soldée par un échec, et évalue les conséquences de l'inflexion de cette politique dans le sens d'une reconnaissance de la culture kanak depuis la signature des accords de Matignon en 1988