Manager en dernier ressort : le travail de l'encadrement de proximité à EDF
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This doctoral essay studies the work of supervisors in a large industry company, Électricité de France (EDF), a publicly owned monopoly wich became a private corporation on a competitive market. Engaged in a process of "modernization" since the 1990's, EDF reshapes its work organization, within wich supervisors (the first level of management, either "agents de maîtrise" or "cadres" in french) hold an uncomfortable place. They have to "lead the change" with limited autonomy, to foster employee engagement, and to clear out their own (and the employer's) responsability whenever the employees' occupational stress and mental health are at stake. In accordance with their intermediate position in the hierarchy, supervisors carry out daily accomodation between prescribed and real work, leaning on their personal relation with the members of their team. This accomodation work - a particular type of organization work - is analyzed in this survey, on the basis of a hundred of interviews (with supervisors from most of the corporate divisions in France), four years as a participant observer in the corporate human resources direction, and the examination of the company's archives (policy documents, health and safety, committe minutes, private archives of training professionals). It raises the question of the supervisor's role in organization reengineering. Marginalized by monitoring tools and automatic control devices, relegated to the management of interpersonal relations, they confort a series of contradictions and resolve them on the shop floor, while trying to keep up with the company's ambition : making "real managers" out of managers of last resort.
Abstract FR:
Cette thèse porte sur le travail de l'encadrement de proximité au sein d'une grande entreprise industrielle, EDF, passée d'un statut de monopole public à celui de société anonyme opérant sur un marché concurrentiel. Le processus de « modernisation » dans lequel l'entreprise est engagé depuis les années 1990 conduit à des transformations de l'organisation du travail, dans lesquelles l'encadrement de proximité (agents de maîtrise et cadres encadrant des agents d'exécution) occupe une position délicate. Il lui revient à la fois de « conduire le changement » sans disposer de beaucoup d'autonomie, et de favoriser l'engagement au travail des salariés, tout en se protégeant (et en protégeant l'employeur, qui lui délègue son autorité) des mises en cause qui tiennent à la « souffrance au travail » et aux « risques psychosociaux », c'est-à-dire aux atteintes potentielles à la santé psychique des agents. Placés dans une position intermédiaire du fait de leur échelon hiérarchique, les encadrants de proximité opèrent des arrangements quotidiens entre la prescription et le travail réél, en jouant de la faible distance qui les sépare de leur équipe et en s'appuyant sur les relations interpersonnelles qu'ils entretiennent avec elle. L'enquête porte sur cette forme particulière du travail d'organisation, le travail d'encadrement, à partir de l'analyse d'une centaine d'entretiens dans la plupart des grandes directions fonctionnelles de l'entreprise (en France métropolitaine), de quatre ans de d'observation participante au sein de la Direction des ressources humaines, et de l'exploitation d'archives internes (documents de politiques d'entreprise, procès verbaux de CHSCT, archives de formateurs). Elle pose la question du rôle des encadrants de proximité dans le renouvellement de l'organisation du travail : marginalisés par des dispositifs gestionnaires de contrôle et relégués dans la seule animation d'un collectif humain, ces encadrants dont leurs supérieurs hiérarchiques voudraient pourtant faire de véritables « managers » affrontent une série de contradictions qu'ils résolvent quotidiennement à leur niveau, ce qui permet de les qualifier de managers en dernier ressort.