Abstract FR:

Acteurs à part entière du monde de l’élevage, les inséminateurs de bovins se présentent comme des spécialistes de la reproduction et de la sélection génétique des animaux. Leur métier est ancré sur la valorisation d’un savoir-faire technique et d’une relation de proximité avec les éleveurs, et il s’inscrit dans une mission de type service public, celle de la « diffusion du progrès génétique » dans les élevages, via l’utilisation pour l’insémination de taureaux sélectionnés selon des méthodes scientifiques. Mais aujourd’hui, dans un contexte marqué par des difficultés croissantes (baisse de l’activité, ouverture du secteur à la concurrence), les inséminateurs sont sommés par une partie des dirigeants des coopératives d’insémination d’adopter une posture commerciale. Comment les inséminateurs se positionnent-ils face à cette nouvelle injonction managériale ? A partir du moment où elle se traduit par la mise en place de dispositifs organisationnels contraignants, quelle est la marge d’autonomie dont ils disposent pour s’opposer au modèle commercial ou pour le transformer ? Finalement, comment parviennent-ils à composer avec les normes véhiculées par la direction, et à construire une nouvelle vision de leur métier ? C’est à ces questions que nous tentons de répondre, en nous intéressant aux capacités critiques des acteurs à travers une analyse des débats qui prennent place entre les inséminateurs, leur direction et les éleveurs dans les coopératives d’insémination.