Le coût et le goût de l'exercice du pouvoir politique : sociologie clinique des cabinets ministériels
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The Cabinet of ministers, an important place for political power, lying within the framework of historical permanence, is in the mid contradictions related to hypomodernity. Cabinet members, as politicians working behind the scenes, have to endure flexibility, instability and extreme working conditions. They feel like outcasts, Their taste for power enables them to bear its cost Their position and the consciousness of exerting power on people and on the course of events make up for a sustained pace of work and a full commitment. As protagonists in the confrontation between their traditional mission and hypermodernity, they are disillusioned, and, for some of them, depressed. As they try to behave in a pragmatic way, they throw themselves in emergency and hyperactivity at the expense of reflection and utopia. Politicians have to face the values of managerial ideology at work in firms, in society and at the very heart of the State. Political goals, means and objects are changing. Participants must go through the painful process of questioning the very meaning of their action. In the light of clinical sociology and managerial texts the meaning and existence of politics are explored through the experience and discourse of people involved Cabinet members are living through the contradictions between political action, of a collective and interdependent nature, and a society valuing individuality, competition, "quantophrenia" and a demand of "good governance". In the name of modernity they tend to value a System which delegitimizes their political function, which comes within the framework of voluntary submission to the "requirements" of a globalized economy.
Abstract FR:
Le cabinet ministériel, lieu de pouvoir politique important, inscrit dans une permanence historique, se retrouve au cœur des contradictions de Fhypermodernité. Les membres de cabinets, hommes politiques de l'ombre, subissent flexibilité, instabilité et conditions de travail extrêmes. Ils se sentent « mal aimés ». Le goût du pouvoir leur permet d'en supporter le coût. L'altérité de la fonction et la conscience d'exercer un pouvoir sur les êtres et sur le cours des choses contrebalancent un rythme de travail effréné et un don de soi. Acteurs de la confrontation entre leur mission traditionnelle et l’hypermodernite, ils expriment leur désenchantement et, pour certains, leur déprime. Se voulant pragmatiques, ils se lancent dans l'urgence et l’hyperactivité au détriment de la pensée et de l'utopie. La fonction politique est confrontée aux valeurs de l'idéologie gestionnaire en œuvre dans les entreprises, dans la société et au cœur de l'Etat. Objectifs, moyens et objet des politiques publiques se transforment. Les acteurs vivent douloureusement ce questionnement du sens de leur action. A la lumière de la sociologie clinique et de la littérature managériale, sens et existence de la politique sont interrogés à travers le vécu et le discours des acteurs. Les membres de cabinet vivent les contradictions entre l'action politique, d'essence collective et solidaire, et la société gestionnaire, valorisant l'autonomie individuelle, la compétition, la « quantophrénie » et l'exigence d'une « bonne gouvernance ». Au nom de la « modernité », ils valorisent un système qui délégitime leur fonction politique inscrite dans le cadre de la soumission volontaire aux « impératifs » de l'économie mondialisée.