Abstract FR:

L'islam ne vit pas seulement avec les dogmes, c'est une religion qui se veut totale et totalisante, toute la vie des fideles etant concernee, la vie spirituelle, << 'ibadate >> (adoration), mais aussi la vie juridique et sociale, << mu'amalat >> (comportement). Les textes religieux (coran et hadith << parole du prophete >>) etablissent la legislation concernant les principaux faits de la vie familiale : les mariages, les divorces, l'adoption et l'heritage. Ils reglent aussi certains actes de la vie quotidienne et intime, tel l'habillement, l'alimentation et les soins du corps. Meme si le musulman ne recoit pas un enseignement theorique, meme s'il ne lit pas le coran, il se trouve constamment et directement confronte aux principes religieux impliques dans la vie quotidienne, qui sont transmit oralement au fil des jours et au hasard des evenements individuels, cet islam qui se situe entierement sur le plan du vecu faconne le corps comme support du sacre. La societe tunisienne impose sa marque sur le corps. Penser une societe tunisienne, une culture arabo-musulmane c'est necessairement traiter de l'homme en fonction de sa condition, de sa personnalite, mais aussi et peut-etre surtout de son corps ; car le corps est la premiere reference pour l'individu. On existe par lui, on accede par lui aux mondes exterieurs, ceux de la nature, des choses et des autres hommes. L'etude sociologique de la corporeite en tunisie commence par l'etude de la position du corps dans les rituels religieux. Le corps obeit a des regles de purification, des techniques d'adoration, des comportements et des gestes codifies. L'emprise du religieux sur la vie sociale du tunisien nous laisse penser que dans la vie terrestre les plaisirs corporels veritables de l'adulte sont peu nombreux. Ils se reduisent finalement au plaisir alimentaire et au plaisir sexuel lie a la conservation de l'individu et de l'espece. L'approche critique de la corporeite en tunisie prend la dimension politique comme foyer organisateur. Car toute politique s'impose par la violence, la coercition et la contrainte sur le corps. Le symbolisme corporel devient createur. Les phrases parlees, les croyances populaires ont une signification qui depasse infiniment l'obi et de reference qui est le corps.