La place des familles dans la formation des bandes de jeunes
Institution:
Versailles-St Quentin en YvelinesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This research focuses on the role and place of families in the formation of youth gangs. It centers on the intertwinement of family, school and turf rationales in the adoption of a deviant lifestyle by a fraction of youths in low-income neighbourhoods. The place of families in these juvenile trajectories is both profound and relatively limited. They are helpless in dealing with school drop-outs and need to compose with the constant fear of their kids mixing with 'the wrong crowd'. When kids fail at school, living conditions at home take on a particular importance (family income, family size, moral and emotional state and rules, parental supervision and authority etc). Despite the plurality of family configurations and educational traditions, the impact of the gang on the youth is indissociable from a 'deligitimation' of adults. This process occurs in three non-exclusive forms. The disqualification can take on a miserable face and be rooted in the social and symbolic position of family referents. It then feeds on a defiance more or less explicited. Finally, perturbing family events (loss of job, divorce, new spouses, illness, death etc) cause a shift from an efficiently balanced state to a less favorable educational situation. In this perspective, reduced parental supervision tends to increase this loss of influence. In parallel to family and scholastic factors, this study highlights the foundation of gang's attractivity through a detailed description of symbolic, material and relational issues specific to such gangs.
Abstract FR:
Cette recherche porte sur la place et le rôle des familles dans la formation des bandes de jeunes. Cette étude est centrée sur l’entrelacement des logiques familiales, scolaires et territoriales dans l’adoption de styles de vie déviants par une frange de la jeunesse des quartiers populaires. La place des familles dans ces parcours juvéniles y est à la fois prégnante et relativement limitée. Elles sont d’abord impuissantes face aux décrochages scolaires et doivent composer avec la crainte pesante des « mauvaises fréquentations ». Avec l’échec scolaire, les enjeux propres à l’expérience domestique (ressources, taille des fratries, ordre moral et affectif, surveillance parentale et autorité, etc. ) prennent alors une ampleur particulière. Malgré la pluralité des configurations familiales et des traditions éducatives, l’influence que prend la bande est indissociable d’une délégitimation des adultes. Ce processus prend essentiellement trois formes qui ne s’excluent pas. La disqualification peut être misérabiliste et prendre racine dans la position sociale et symbolique des référents familiaux. Elle se nourrit ensuite d’une défiance plus ou moins explicite. Enfin, les ruptures familiales (perte d’emploi, divorce, recomposition familiale, maladie, décès, etc. ) signent le passage d’un équilibre efficace à une situation éducative moins favorable. Dans cette perspective, une supervision parentale réduite tend à accroître cette perte d’influence. Parallèlement aux logiques familiales et scolaires, l’étude met en exergue les fondements du pouvoir d’attraction des bandes, à travers une fine description des enjeux relationnels, symboliques et matériels propres à ces groupes.