L' élaboration d'une conviction en contexte d'incertitude cognitive : le choix français de la réduction du temps de travail pour lutter contre le chômage
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
How to explain the existence of a public policy in its given contents? How to explain its changes in time? To answer this double interrogation, we cross the border which separates policy analysis from the sociology of public action and we put forward the draft of an actionnist model. In our view, a policy is an attempt, by public decision makers, to make a loop between the system of expectations they assume in a specific network of public action and the evolution of reality that this network deals with. Consequently, if they resort to a public action, it is because there is a sufficiently grave gap between their system of expectations and reality, because they have alternatives and because one of them is perceived as relatively adequate with the reduction of his gap. When this public action introduces a major break in the course of the policy, it is because the public system of expectations is significantly altered, either by political impetus, or by policy oriented learning. We undertake to test this model of the "good reasons" on the ground of working time policies to fight unemployment on the one hand, we proceed to a rigorous, systematic and quantitative comparison of policies of this type followed in the states of Europe of the fifteen and in Norway, over the period 1978-2000, to show their causes. On the other hand, in a french monograph, we follow the successes, the failures and the re-formations of a "planning" project of working-time reduction since its elaboration, in the years 1975-1979, until its realization, in 1998, in the form of the first Aubry law on the "35 hours".
Abstract FR:
Comment expliquer l'existence d'une politique publique dans son contenu déterminé? Comment expliquer ses variations au cours du temps? Pour répondre à ces interrogations, nous franchissons le pas qui sépare l'analyse des politiques publiques de la sociologie de l'action publique et nous proposons l'esquisse d'un modèle actionniste. Pour nous, une politique publique est une tentative de bouclage, de la part de décideurs publics, entre le système d'attentes qui assument dans un réseau d'actions publiques déterminé et l'évolution de la réalité que ce réseau prend en charge. Par conséquent, s'ils recourent à un dispositif, c'est parce qu'il existe un écart négatif suffisamment grave entre leur système d'attentes et la réalité, parce qu'ils disposent d'alternatives et que l'une d'elles est perçue comme relativement adéquate à la réduction de cet écart. Lorsque ce dispositif introduit une rupture majeure par rapport au cours de la politique , c'est parce que le système d'attentes public est significativement altéré, soit par impulsion politique, soit par apprentissage. Pour tester ce modèle de "bonnes raisons", nous avançons sur le terrain des politiques du temps de travail pour l'emploi. D'un côté, nous procédons à une comparaison rigoureuse et systématique des politiques de ce type menées dans l'Europe des quinze et en Norvège, sur la période 1978-2000, pour en exhiber les causes. De l'autre, dans une monographie française, nous suivons les succés, les échecs et les recompositions d'un projet "planificateur" de partage du travail depuis son élaboration, dans les années 1975-1979, jusqu'à sa réalisation, en 1998, sous la forme de la loi Aubry 1 sur les "35 heures".