Abstract EN:

@Cette recherche a pour objet l'analyse des effets de la transformation post-communiste tchèque sur les formes de marginalisation sociale dans ce pays. En effet, les changements qui s'opèrent en République tchèque depuis l'effondrement du régime communiste, conduisent certains individus à expérimenter une dégradation de leurs conditions de vie et une perte d'identité sociale valorisante. L'étude de ces changements et de la situation sociale particulière des personnes sans domicile-fixe et des Roms illustre cela. Les propos de ces personnes recueillis lors d'une enquête qualitative par entretiens semi-directifs menée avec l'aide d'une collaboratrice tchèque auprès de ces populations, font apparaître les processus sociaux de marginalisation et de désaffiliation sociale qui agissent dans cette société. La disparition du cadre régulateur communiste a fragilisé les populations les plus vulnérables, celles qui étaient les plus démunies avant 1989. Elles éprouvent de grandes difficult́és à renégocier leur statut social en accord avec les nouvelles attentes de la société et s'en trouvent fortement stigmatisées et marginalisées. Leur position sur le nouveau marché de l'emploi est marquée par la précarité ce qui les prive d'un revenu décent et parfois d'un logement. Les liens sociaux qui les unissent à la société s'effritent et l'Etat reconnaît leurs difficultés en terme marginal, les isolant davantage. Elles perdent le bénéfice d'une reconnaissance sociale positive et sont contraintes à l'assistance. La transformation de la société tchèque prive alors ces personnes d'une réelle reconnaissance sociale qui révèle de l'anomie partielle de cette société. La transformation post-communiste ne se fait pas sans discontinuité et sans risques, sans un déficit de régulation.