Usages et usagers de drogues dans les mondes de l'errance urbaine et de la prison : une "expérience totale" ? : sociologie du sens endogène des pratiques de consommation de produits toxiques associées à des prises de risques pour la santé
Institution:
Toulouse 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Preventive public health policies and harm reduction policies (AIDS, hepatitis C) have been focusing increasingly on rendering drug “addicts” more responsible, while substitution treatments have been made more readily available ; they are indeed, distributed massively by general, as well as psychiatric, health agencies and practitioners. Nevertheless, high risk practices remain common among the most precarious of drug users. Through the notion of total experience, a framework that permits intelligibility, and through inductive methodology applied to extensive and varied fieldwork in the Parisian and Toulouse areas (prisons, hospitals, non-profit organizations, unorganized squats, streets), the present dissertation focuses on drug uses and drug users who are caught in a circulatory movement between urban vagrancy and carceral experience. What kind of adjustments occur at each end of the movement and how do these adjustments impact the relationship to one's own body and health ? Facing a society that deals with social issues in an increasingly penal and medicalized way, a heterogeneity of practices emerges : heterogeneity of the logics behind drug use, of life trajectories, of adaptation techniques and of the narrativization of these experiences. The analysis of various forms of total experience reveals some of the modes of resistance and self-preservation users develop in order to respond to the apparatuses proposed -and even imposed- to them, at the same time as it raises the question of what it means to limit one's control over one's self and body.
Abstract FR:
Alors que la politique de prévention et de « réduction des risques » (sida, hépatite C) invite toujours davantage les « toxicomanes » à se responsabiliser et que les produits de substitution sont massivement délivrés par la médecine générale et psychiatrique, les pratiques associées à des prises de risques pour la santé perdurent parmi les usagers de drogues les plus précaires. À travers la notion d'expérience totale comme modèle d'intelligibilité et une méthodologie inductive sur plusieurs terrains en région parisienne et toulousaine (maisons d'arrêt, hôpitaux, associations, squats précaires, rues), cette thèse s'intéresse aux usages et aux usagers de drogues pris dans un mouvement de circulation entre errance urbaine et expérience carcérale. Quelles formes d'ajustement sont mises en œuvre à chacun des pôles du mouvement circulatoire et quelles incidences ont-elles sur le rapport au corps et à la santé ? Face au renforcement du traitement pénal et médical des problèmes sociaux, se dessine une hétérogénéité des logiques d'usages de produits toxiques, des trajectoires de vie, des adaptations et des mises en récits des expériences. L'analyse de diverses formes d'expérience totale révèle des modes de résistance ou d'autopréservation des usagers de drogues au regard des dispositifs qui leur sont proposés voire imposés et soulève la question du sens des limites à disposer de soi.