thesis

Les "exclus" de la banlieue ? : étude d'un quartier et des rapports sociaux de dépendance

Defense date:

Jan. 1, 1999

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Institution:

Bordeaux 2

Disciplines:

Authors:

Abstract EN:

What is an "excluded" individual in a reputedly "difficult" urban housing estate? The thesis centres on this general question born from an observation : since the end of the "banlieues rouges" (red housing estates), sociological research has developed a "negative" representation of the urban question, that of a "crisis", focused on the generic concept of "exclusion". The inhabitants of estates are seen only in terms of the accumulating problems they present : unemployment, anomie, social disintegration. This reasoning has the inconvenience of defining these people by what they are not, or are no longer. Yet there is no definition of what they are. The thesis shows that it is sociologically unsatisfactory to speak of the "excluded", or even the "underclass", as these inhabitants are defined by a paradoxical situation: they have their "feet" in economic insecurity and their "heads" in the cultural world of the middle classes. They are also massively supported by numerous and active urban and social policies. From this point of view, french inner-city estates are not comparable to the american ghettos left to their own devices. Yet despite the fact that local institutions are more omnipresent than ever, the thesis shows that individuals feel abandoned and "invisible". In general, social policy is not perceived as promoting citizenship, but often engenders resentment, leading to acts of rejection such as violence. On these grounds, the thesis explores an alternative approach. Beyond "exclusion" and dependency, how can we define a relation of social domination that results in the feeling of invisibility for the individual and that invalidates collective initiative? Can we think of class relations without class ?

Abstract FR:

Qu'est-ce qu'un "exclu" dans un quartier de banlieue réputé "difficile" ? La thèse se centre autour de cette interrogation générale qui nait d'un constat : la recherche sociologique mobilise depuis la fin des "banlieues rouges" ; une représentation "négative" ; de la question urbaine, celle de la "crise" qui se fixe sur la figure générique de l'exclusion. Les habitants de la banlieue n'apparaissent que par l'accumulation des problèmes qu'ils posent : chômage, anomie, destruction sociale. Ce mode de raisonnement présente l'inconvénient de ne définir les acteurs que par ce qu'ils ne sont pas ou plus. Mais on ne parvient guère à nommer ce qu'ils sont. La thèse montre qu'il est sociologiquement insatisfaisant de parler d'exclus ; ou encore d'underclass, car les habitants se définissent par une situation paradoxale : ils ont les "pieds" dans la précarité économique et la "tête" dans l'univers culturel des classes moyennes. Ils sont aussi massivement pris en charge par les politiques urbaines et sociales, nombreuses et actives. De ce point de vue, les quartiers de banlieue ne sont pas comparables à la figure américaine du ghetto livré à lui-même. Mais alors que jamais les intervenants locaux n'ont été aussi omniprésents, la thèse montre que les individus se sentent abandonnés et "invisibles". Dans une large mesure, les politiques sociales ne sont pas vécues comme le support d'une citoyenneté, mais engendrent souvent de multiples ressentiments et aboutissent à des conduites de rupture, comme la violence. À partir de cela, la thèse explore une orientation alternative. Comment définir derrière l'exclusion ; et la dépendance, un rapport de domination sociale qui produit un sentiment d'invisibilité de l'individu et invalide les capacités d'initiative collective ? Peut-on penser un rapport de classe sans classe ?