Abstract FR:

Depuis les années 1980, de nouveaux intervenants professionnels ont fait leur apparition dans le champ de la politique de la ville. Celle-ci a notamment favorisé la création d'emplois dits de « médiation» qui se sont considérablement multipliés dans les années 1990 via la mise en œuvre de différents dispositifs pour l'emploi des jeunes, notamment le dispositif « Nouveaux Services - Emplois Jeunes ». Les «jeunes de banlieue », assimilés aux auteurs des incivilités, appréhendés comme détenteurs d'un «capital social» spécifique, ont bien souvent été envisagés comme les plus à même d'occuper ces nouveaux emplois créés pour pacifier les relations et sécuriser les espaces publics. Cette thèse vise à analyser les contraintes et les représentations qui ont orienté les pratiques de recrutement et à s'interroger sur la pertinence et les limites de l'«instrumentalisation» des jeunes pour développer et professionnaliser ces nouveaux services. Cette problématique est abordée à travers l'étude d'une démarche innovante, initiée par la RATP, poursuivant un double objectif de développement territorial et de création d'emplois d'utilité sociale. Nous montrons que le recours aux jeunes d'origine populaire ne découle pas uniquement d'un choix opéré par les employeurs mais procède avant tout de la manière dont s'est construite la catégorie jeune et de la manière dont les intermédiaires pour l'emploi se sont emparés du dispositif«emploi jeune». Nous montrons d'autre part que, contrairement à ce que suggère l'appellation de ce dernier, la jeunesse des salariés est toute relative et que l'uniformité des profils n'est finalement qu'apparente. Enfin, à travers une analyse du travail effectivement réalisé, nous montrons les difficultés auxquelles sont confrontés les salariés pour s'investir dans l'activité qui leur est confiée.