Abstract FR:

Ce travail consiste à étudier dans quelles mesures les sociabilités amicales contribuent, lors du passage à l'âge adulte, à la construction des positions sociales occupées par les "jeunes" dans les espaces sociaux qu'ils traversent. Notre attention s'est focalisée sur la position d'étudiant en première année, un moment des trajectoires juvéniles idéal à l'observation des mécanismes par lesquels la mobilisation des pairs, la construction de liens amicaux, médiatisent les manières d'appréhender un nouvel ordre de pratiques - temporelles, spatiales, normatives. Surtout, les modalités de construction de cette position se formalisent dans un espace typiquement universitaire, l'amphithéâtre, véritable "laboratoire" propice à la mise en place d'un dispositif d'observation de l'articulation entre pratiques d'études et pratiques relationnelles. C'est en effet à travers les modes d'appropriation différenciés de cet espace, dont les observations filmiques effectuées dans un amphithéâtre de première année d'histoire ont rendu compte, croisés avec les discours tenus, en entretiens et en questionnaires, par les mêmes enquêtés ainsi filmés, qu'ont été mis à jour les facteurs explicatifs des socialisations amicales universitaires, et l'interdépendance entre ces dernières et les formes d'établissement dans l'espace social. Les analyses des trajectoires amicales montrent que les relations de groupe d'âge des jeunes enquêtés interviennent à double titre lors de leur placement dans l'espace social universitaire: dans l'interprétation du statut étudiant lui-même, à laquelle conduisent les configurations amicales dans lesquelles ils s'insèrent, puisque ces configurations attribuent, diversement selon leur structure et leur dynamique, un sens spécifique aux liens construits dans cet espace; dans les modalités d'identification et de compréhension des pratiques locales que soutiennent ces liens.