Abstract FR:

En considérant l'expertise scientifique comme une ressource mobilisée par l'action publique pour gérer le développement des applications techniques comportant des risques sanitaires et environnementaux, cette analyse d'un comité d'experts, la commission du génie biomoléculaire, vise à comprendre comment le traitement des risques contribue à construire les propriétés de l'innovation concernant les plantes transgéniques. Dans une première partie, il s'agit de comprendre en quoi l'exercice de la compétence d'expert au sein de la cgb n'est pas uniquement donné par le mandat, mais passe par l'adhésion à la situation d'expertise elle-même. Celle-ci s'effectue principalement à travers l'intériorisation par les membres de la commission d'une culture épistémique autour de laquelle se structurent les modalités de qualification du risque. Ce traitement du risque place ainsi le magistère de la cgb sous le signe d'une philosophie pragmatique de la sécurité. Dans une deuxième partie, l'expertise scientifique est abordée comme un processus collectif mettant en scène des réseaux d'acteurs hétérogènes. La mise en forme d'une action collective organisée articulée autour de la maitrise concertée des conséquences environnementales mais aussi technico-économiques de l'innovation, passe ainsi par des processus congruents de négociation des catégories cognitives d'objectivation du risque et de création des espaces collectifs au sein desquels sont élabores et mis en œuvre des dispositifs de traitement de l'incertitude. A travers l'analyse de la mobilisation d'une philosophie pragmatique de la sécurité ou il s'agit d'encadrer sans entraver, ce travail montre ainsi comment la cgb a été un maillon essentiel du dispositif de régulation publique en matière de biotechnologies à travers la production d'un cadre normatif de définition des critères de sécurité et d'acceptabilité des plantes transgéniques.