La déviance des femmes : délinquantes et mauvaises mères : entre prison, justice et travail social
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Using sex and gender categories to analyse social control, this study sheds light on women's deviance. In France, very few sociological studies have tackled deviance from the perspective of gender. The fïeld work concerns numerous institutions of social control: women's prisons, juvenile justice (educational and penal enforcement), classical and new structures of social work with families (a maternal center and an association for family therapy). Interviews with professionals and deviant women (semi-directive and biographical interviews), observations of practices and qualitative and quantitative analyses of personal files have contributed to drawing a cartography of women's social control. Such a transversal approach shows that social control is strongly gendered, especially in relation to parapenal institutions which differentiate male and female deviance. Two women's characters corne out: the offender and the bad mother. The offender deviates from the law as well as from the gender roles. The bad mother is specifically gendered. Parapenal institutions that supposedly bring protection and surveillance to lower class women are indeed assigning them a family role. In order to understand women's deviance, social control needs a larger approach which includes penal and parapenal structures as well as informal controls.
Abstract FR:
En intégrant les catégories de sexe et de genre aux analyses du contrôle social, ce travail éclaire un objet jusque-là peu étudié en sociologie française : la déviance des femmes. Le travail empirique a porté sur diverses institutions de régulation : les prisons de femmes, la justice des mineurs (versants civil et pénal), des dispositifs anciens et nouveaux de l'intervention sociale auprès des familles (un centre maternel, une association de thérapie familiale). A partir d'entretiens, d'observations des pratiques et de l'analyse quantitative et qualitative de dossiers, nous avons croisé les points de vue (des professionnels et des femmes prises en charge) pour reconstruire une cartographie du contrôle social. Cette approche transversale révèle la dimension sexuée du contrôle social, qui repose sur et produit des normes de genre qui contribuent à distribuer de façon sexuellement différentielle la déviance. Deux figures féminines se dégagent : la délinquante et la mauvaise mère. Déviante par rapport à la loi, la première l'est aussi par rapport au genre et aux rôles de sexe. La seconde, omniprésente, incarne la déviance au féminin. Sous-tendue par des catégories psychologiques, elle s'actualise aux marges du pénal, dans des institutions aux logiques contradictoires, qui visent à la fois la protection et la surveillance, assignant les femmes des classes populaires à un féminin familial. Au terme de cette recherche, il apparaît nécessaire d'opter pour une approche plus large du contrôle social, qui ne se limite pas à la réaction pénale mais englobe d'autres dispositifs, formels et informels, qui fonctionnent ensemble pour préserver un ordre social et sexué.