Les avatars de l'héritage durkheimien : une histoire de la sociologie en France (1920-1958)
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The destiny of Durkheim's sociology after his death is not the inevitable decline some described and blamed as the result of the lack of intellectual inactivity of collaborators, busy to relentlessly defend the frail since more and more controversial position of their sociology, both from the intellectual and institutionnal point of view. The examples of Mauss, Simiand Halbwachs and Bougle prove that sociology evolved between world war I and world war II. These authors, each in his own ways, pave the way for a "collective psychology" which suppresses the hiatus Durkheim had set between the individual and society, by observing the collective psychical states shared by individuals in certain situations. However this attempt at reviewing concepts remains uncompleted. That is why the second world war may not be the break - marked by the end of durkheimism and the need to rebuild french sociology - it has often been assimilated to. Eager to face the issues of European reconstruction, criticized by a commited philosophy which denies their discipline the status of a science, impressed by an empirical social science from across the atlantic standing as a new model for research, authors such as Gurvitch, Friedmann, Stoetzel, although willing to build a new and more empirical sociology able to better comprehend the experienced meaning of human behaviours, are led to defend a French conception of their discipline. Then, they all keep an epistemological position, which somewhat reminds of the durkheimian rationalism, since it tries to put individual thougts and behaviours back in the whole society in order to understand them. In this content, the works the durkheimians started a decade ago, raising these issues for the first time, remain up to date until the end of the fifties.
Abstract FR:
Le devenir de sa sociologie après la mort de Durkheim n'est pas l'inexorable déclin que certains ont décrit, et attribue à l'immobilisme intellectuel de collaborateurs occupés à défendre avec acharnement la position fragile car de plus en plus contestée de leur sociologie tant sur le plan intellectuel que sur le plan institutionnel. À travers les exemples de Mauss, Simiand Halbwachs et Bougle, on s'aperçoit en effet que dans l'entre-deux guerres la sociologie évolue. Ces auteurs, chacun à leur manière, posent de nouveaux jalons pour l'élaboration d'une "psychologie collective" qui, en s'intéressant aux états psychiques collectifs partagés par des individus places dans certaines situations, gomme le hiatus que Durkheim avait posé entre l'individu et la société. Toutefois, cette entreprise de rénovation conceptuelle reste inachevée. C'est pourquoi la deuxième guerre n'est peut-être pas non plus la coupure - marquée par la fin du durkheimisme et la nécessité de reconstruire la sociologie française - qu'on a souvent voulu voir. Pressés de répondre aux problèmes posés par la reconstruction, malmenés par une philosophie engagée qui dénie à leur discipline le statut de science, impressionnés par une science sociale empirique venu d'Outre-Atlantique qui se pose comme un nouveau modèle pour la recherche, des auteurs tels que Gurvitch, Friedmann, Stoetzel, bien que soucieux de construire une nouvelle sociologie plus empirique et capable de mieux saisir le sens vécu des conduites humaines, sont amenés à défendre une conception hexagonale de leur discipline. Ainsi tous gardent une posture épistémologique qui n'est pas sans rappeler le rationalisme durkheimien, car elle s'efforce de replacer, pour les comprendre, les pensées et les conduites individuelles dans la totalité de la société. Dans ce contexte, les travaux entamés par les durkheimiens une décennie plus tôt, qui avaient commencé à poser ces problèmes, restent d'actualité jusqu'à la fin des années cinquante.