Le tango des Orixás : sociologie des religions d'origine brésilienne à Buenos Aires
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Umbanda, Quimbanda and Batuque were introduced into Argentina via Uruguay (Montevideo) and Brazil (Porto Alegre) in the late sixties. Regarded distrustfully by an Argentinean society where national identity has been established through identifying with a catholic, rational and modern nation model, these religious movements of magic, trance and sacrifice, are considered to be the new barbaric "sects" overunning the country. However, their development shows the transformation of the contemporary Argentinean religious landscape, by questioning catholic hegemony. Their transnationalization is not a rational and centralized enterprise but is involved in the interpersonal imitiatory links, giving rise to a "wild" religion, which expands on the fringe of an institutional logic. In a minority among middle classes, and massively established among popular classes of Buenos Aires and its suburbs, Umbanda/Batuque temples are characterized by a complex socio-economical and cultural inscription. This tension between erudite and popular cultures expresses itself through the construction of differentiable bricolage, through complex forms of community where modern logic concerning the individualization of behavior meets with those who remain close to their family or local roots and ties, and also trhough an organization torn between the settlement of legal regulations in accordance with the model of rational modernity, and unceasing conflicts in accordance with the "pagan" logic of withcraft.
Abstract FR:
L'Umbanda, la Quimbanda puis le Batuque sont introduits en Argentine via l'Uruguay (Montevideo) et le Brésil (Porto Alegre) dès la fin des années 1960. Regardés avec méfiance par une société argentine où l'identité nationale s'est construite par identification à un modèle de nation catholique, rationnelle et moderne, ces mouvements religieux de la magie, de la transe et du sacrifice, sont considérés comme de nouvelles "sectes" barbares envahissant le pays. Leur développement témoigne pourtant de la transformation du paysage religieux argentin contemporain, par la remise en cause de l'hégémonie catholique. Leur transnationalisation ne correspond pas à une entreprise rationnelle et centralisée mais entre dans le jeu des liens initiatiques interpersonnels, donnant lieu à un religieux "sauvage", se développant en marge d'une logique d'institutionnalisation. Minoritaires parmi les classes moyennes, et massivement implantés dans les couches populaires de Buenos Aires et de sa banlieue, les temples d'Umbanda/Batuque se caractérisent ainsi par la complexité de leur inscription socio-économique et culturelle. Cette tension entre cultures érudites et populaires se traduit dans l'élaboration de bricolages différentiés, dans des formes de communautarisation complexes où se croisent les logiques modernes de l'individualisation des comportements et celles qui restent ancrées dans les liens d'appartenance familiaux ou locaux, enfin, dans leur organisation tiraillée entre une mise en ordre du mouvement par l'établissement de statuts légaux répondant au type de la rationalité moderne et d'incessants conflits inscrits dans la logique "païenne" du sort et du contre-sort.