Le rapport au politique des personnes en situation défavorisée : une comparaison européenne : France, Grande-Bretagne, Espagne
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The pattern of social exclusion, through cumulative inequalities, is well-known nowadays. The topic I focus on, political inequalities, ambitions to add a new dimension to the vast question of inequalities in modern societies. Indeed, despite the democratic truism that “tous les hommes naissent et demeurent égaux en droit”, which refers notably to civil rights, political inequalities remain. Inequalities in political participation have been studied through political and sociological studies, demonstrating the unachievement of democracy, as the underprivileged tend to vote less than average. My own analysis, based on the comparative database (Eurobarometer cumulative trends), demonstrate that beyond abstention, lower economic positions have consequences in terms of a lesser interest for politics, lesser feelings of partisanship, an increased degree of political neutrality and, on the contrary, stronger feelings of patriotism. These structural trends are similar in France, Great Britain and Spain, despite the historical and political differences of these countries in terms of the building of citizenship. Still, level differences and variations remain that can be interpreted as cultural differences. A qualitative comparison, implemented through in-depth interviews in Chartres, Oxford and Pamplona, focuses on the heterogeneousness of political attitudes among people depending on minimum income. Four patterns are described and analysed: apathy, discontent, perplexity and loyalty. Encountered in all three countries, there signification vary according to national contexts.
Abstract FR:
L’exclusion de la frange la plus démunie de leurs populations est l’une des questions sociales majeures auxquelles sont aujourd’hui confrontées les sociétés européennes. Ce problème fondamental menace la cohésion nationale et nous interpelle, en tant que citoyens et membres d’un corps social, sur les capacités d’intégration de nos sociétés. La problématique centrale de cette thèse confronte deux mouvements de long terme : d’une part la détermination économique des conditions d’existence et leur traduction en termes politiques, d’autre part la construction des cultures nationales comme cadre interprétatif de ces conditions d’existence et des attitudes politiques qui en découlent. Que pensent les plus pauvres de la politique ? Quel sens et quels motifs donnent-ils à leur indifférence ou à leur implication dans le jeu politique ? Se poser ces questions dans une perspective comparative a permis, sur la base d’analyses statistiques (source : Eurobaromètres), de mettre en évidence les mécanismes structurels qui conduisent les personnes en situation défavorisée à se détourner du champ politique. Mais décrire le rapport au politique des plus précaires sous le seul angle interprétatif du désintérêt équivaut à négliger l’hétérogénéité de leurs attitudes politiques. Une enquête qualitative menée à Chartres, Oxford et Pampelune a permis d’élaborer une typologie unique des rapports au politique comportant quatre items : l’apathie, le mécontentement, la perplexité et la loyauté. Les cultures nationales constituent des contextes porteurs de sens, au sein desquels des comportements politiques similaires revêtent des significations différentes.