Les paradoxes de la préférence locale : engagements collectifs et action publique à l'épreuve de l'ethnicisation des rapports sociaux. Montreuil, Seine-Saint-Denis
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The research focuses on how institutions contribute to social relations ethnicisation in a locality of the Parisian area. Local "racial" and ethnic relations are analysed along with economic deregulation and the ways the decentralised French Welfare State tackle marginality. In that process, the "local preference" dedicated to the inhabitants of the city of Montreuil is meant to improve access of marginalized households to local resources. Plus, it allows local authorities to get around racist discriminations without using ethnic categories to designate their "public", as the French law forbids it. However, this transversal justice principle is ambivalent. If the quality of "Montreuillois" can be obtained through different modes, it is based on the invention of a local genealogy and traditions, embedded in national identity. In that perspective, "local preference" takes a restrictive meaning. These reconstructions of local and national history establish a social distance between migrants from former French colonies (and, beyond them, the marginalized persons bearing signs of ethnic or "racial" difference) and the majority. However, in that communist town for decades, the valorisation of local identity constructs a local unity that is not anymore based on a class identity but on a symbolic autochthonous identity backed on to solidarity and antiracism, which develops collective participation and frames of negotiation.
Abstract FR:
Cette thèse analyse comment, au sein d'une configuration locale particulière, des mécanismes institutionnels contribuent au processus d'ethnicisation des rapports sociaux. Face à la dérégulation économique et à la marginalisation que celle-ci engendre, les métamorphoses des modes d'action de l'Etat et des communes "providence" encadrent les évolutions des relations interethniques. Dans ce mouvement, la "préférence locale" en direction des montreuillois est conçue pour donner accès aux ressources redistribuées localement aux demandeurs ayant des revenus faibles ou aléatoires. Elle permet également de contourner les discriminations racistes dans l'accès au logement social, aux loisirs et aux emplois municipaux sans avoir recours à une catégorisation ethnique des publics, illégale en France. Cependant, ce principe de justice transversal est empreint d'ambivalence. Si la qualité de montreuillois peut s'acquérir par différents modes, elle s'ancre dans une généalogie et des traditions de résistance réinventées, arrimées à l'identité nationale. Elle prend alors une acception restrictive. Ces reconstructions de l'histoire locale et nationale encadrent la mise à distance des ressortissants des anciennes colonies françaises et de leurs enfants et, plus largement, des précaires portant des signes de la différence ethnique ou "raciale" avec le groupe majoritaire. Pourtant, dans cette commune de l'ancienne banlieue rouge, la valorisation de l'identité montreuilloise permet de fonder une unité locale non plus sur une identité politique de classe mais sur une identité symbolique d'autochtone forgée autour d'un idéal de solidarité et d'antiracisme, à partir desquels se construisent des engagements de bénévoles et de militants. Elle ouvre des espaces de négociations et de dialogue pour les associations de migrants qui prennent appui sur cette possibilité pour investir les arènes politiques locales.