Le gouvernement des groupes de société : les relations entre propriété et pouvoir à l'épreuve des réalités de l'entreprise contemporaine
Institution:
Université Pierre Mendès France (Grenoble)Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The aim of this dissertation is to show that corporate groups are "opportunist structures". This organizational form enables radical strategic changes in order to be better off regarding the environment. This feature is a key to understand the life of corporate groups. Management dilemmas are a concrete expression of such a characteristic. These dilemmas are found to be widespread in such areas as economic transactions, legal status of managers, conflicts between parent company and subsidiary, etc. The choices to be made represent more fundamental strategic shifts (market/hierarchy, subordination/autonomy, set rules/ lasting compromise, etc. ). This "opportunism" is related to a flexible governance structure. As the owner of its subsidiary, the parent company can combine two distinct roles: manager and shareholder. This "hybrid" power gives corporate groups much flexibility (it can be an explanation of their growing importance). These propositions, inferred from our empirical observations, can be thought as a window on a wider debate concerning the relations between power and property. While capitalism history is often considered to be about separating ownership and power, the widespread presence of corporate groups illustrates that their relations are non mechanical and incidental.
Abstract FR:
Dans ce travail, nous montrons le caractère profondément opportuniste de la structure en groupe de sociétés. Cette architecture permet aux dirigeants de pratiquer des changements de stratégie, afin de tirer le meilleur parti des circonstances. Cette caractéristique est une clé d'analyse pour comprendre la vie des groupes. Les dilemmes de gestion sont une traduction concrète de la nature des groupes. Ils concernent tous les groupes et apparaissent dans des domaines variés : l'échange économique, le statut des dirigeants de filiales, les conflits possibles entre société tête de groupe et filiales, etc. Ils traduisent des alternatives devant être tranchées : marché ou hiérarchie, subordination ou autonomie, imposition de règles de fonctionnement ou construction de compromis durables, etc. Mais l'opportunisme du groupe est rendu possible par une structure autorisant une pratique souple de l'exercice du pouvoir. La domination capitalistique de la maison mère lui permet de conjuguer deux rôles a priori nettement séparés : celui d'actionnaire et de manager. La société tête de groupe organise ainsi un pouvoir hybride. Le caractère opportuniste donne à la structure en groupe des capacités de flexibilité : c'est ce qui peut expliquer son développement. Ces propositions, intimement liées à nos observations empiriques, ouvrent à nouveau un débat théorique particulièrement nourri : celui de la relation entre propriété et pouvoir. En effet, si l'histoire du capitalisme est celle d'une disjonction progressive entre la propriété et le pouvoir dans la firme, la forme en groupe montre que propriété et pouvoir peuvent entretenir une relation non mécanique et circonstancielle.