De la contre-culture à l'« évangélisme technologique » : les développeurs et la révolution du smartphone
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
We live, for more than half a century, what some call a "third industrial revolution", that of personal computers, of smartphones and more recently of internet of things. If these technical systems impress by their power and by the new possibilities that they open, they remain platforms which, in themselves, have no utility. What gives them their use value are essentially applications that they offer to their users, and these are not necessarily developed by companies that produce these platforms. This thesis proposes to focus on the third party applications developers, and more specifically to "developer communities" which surround the two main platforms of the smartphone industry: Android developed by Google, and the iPhone of Apple. What interest presents the analysis of this socio-industrial environment? We could say that these ecosystems of developers, especially that of Android, presents a paradox. On one side it is an open source platform, very related to what some called the "hacker ethic", this "do-it-yourself" spirit who reject traditional forms of authority. On the other side, this environment constitutes a relatively coherent organization, structured, centralized around the dominant player that is Google, and crossed by new forms of asymmetries and new power relations, sometimes more important than those rejected by hackers. This work proposes to explore this environment made of multinationals and ecosystems of developers which surround them, to look at their history, the logics that underlie them, the apparatus which structure them.
Abstract FR:
Nous vivons, depuis plus d'un demi-siècle, ce que certains appellent une « troisième révolution industrielle », celle des ordinateurs personnels et des smartphones. Si ces systèmes techniques marquent par leur puissance et par les nouvelles possibilités qu'ils ouvrent, ils n'en restent pas moins des plateformes qui, en elles-mêmes, n'ont pas d'utilité. Ce qui leur donne leur valeur d'usage sont essentiellement les applications qu'elles proposent à leurs utilisateurs, et elles ne sont pas forcément développées par les entreprises qui produisent ces plateformes. Cette thèse propose de s'intéresser aux développeurs d'applications tierces, et plus spécifiquement aux « communautés de développeurs » qui entourent les deux principales plateformes de l'industrie du smartphone : Android développée par Google, et celle de l'iPhone d'Apple. Quel intérêt présente l'analyse de cet univers socio-industriel ? Nous pourrions dire que ces écosystèmes de développeurs, notamment celui d'Android, présentent un paradoxe. D'un côté il s'agit d'une plateforme open source, très liée à ce que certains ont appelé l'« éthique hacker ». De l'autre, cet univers constitue une organisation relativement cohérente, structurée, centralisée autour de l'acteur dominant qu'est Google, et traversée par de nouvelles formes d'asymétries et de nouveaux rapports de pouvoir, parfois plus importants que ceux qui rebutent les hackers. Ce travail propose d'explorer cet univers constitué de multinationales et des écosystèmes de développeurs qui les entourent, de regarder leur histoire, les logiques qui les sous-tendent, les dispositifs qui les structurent.