thesis

À l'école de la banlieue : la démocratisation des études supérieures et la marginalisation urbaine à l'épreuve des trajectoires individuelles

Defense date:

Jan. 1, 2015

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Authors:

Directors:

Abstract EN:

This fieldwork is a extensive ethnographical survey ranging between 5 and 7 years, of 20 students from working class and immigrant backgrounds living in the northern suburbs of Paris. Set in a 3 act scenario, the Is' episode takes place in highschool during a 6 year period where I employ participant observation methods whilst teaching. The 2"d episode analyses the undergraduate years and the dispersion of 'my' former pupils within the Higher Education system, from local suburban universities to elite Parisian schools. The 3rd episode depicts the postgraduate years and the final entrance into the job market. The study as a whole analyses social structural constraints as well as oppositional relationships and processes through the lenses of individual cases, plurality of social scenes and temporality. Biographic trajectories and school careers enlighten the conditions under which social mobility is possible as well as the dispositional adjustments it requires. The new contradictions of 'school massification' appear. The Key to success lies in the ability to face territorial stigma, class ostracism, cultural illegitimacy, racism and islamophobia more than 'pure' academic skills. These social ordeals reinforce the fragmentation of an unequal system. The desire for outcast students to find an 'appropriate' curriculum participates in remapping the inner frontiers of legitimacy and commodification of the cultural capital. This shift goes against the sense of dignity and singularity that is acquired through school acculturation, displaying a tension inbetween reproduction and emancipation. This urges reconsideration of pedagogy as a rapport and of the performativity of knowledge.

Abstract FR:

Cette enquête ethnographique porte sur le suivi longitudinal (entre 5 et 7 ans) de 20 étudiants résidant en Seine-Saint-Denis, issus de milieu populaire et d'origine immigrée. Elle se déroule en trois temps : un 1er moment en participation observante au lycée, organisé autour de 6 années d'enseignement dans le département ; un 2ème moment, du bac jusqu'au bac+3, où les lycéens se dispersent dans la voie normale (l'université), la voie médiane (IUT, STS) et la voie royale (classes préparatoires, Sciences Po, école de technologies digitales) ; un 3ème moment jusqu'au bac+5 et l'entrée dans la vie active. La thèse analyse les structures de déterminations et les relations d'opposition sociales par le prisme des individus, de la pluralité des scènes et de la temporalité. Les trajectoires biographiques et les carrières scolaires renseignent sur les conditions de possibilité de l'ascension sociale et la nécessité des ajustements qu'elle implique. Les nouvelles contradictions de la « démocratisation scolaire » apparaissent. Les épreuves les plus déterminantes se logent dans ce qu'intime la puissance des regards portés sur soi et la capacité à affronter le stigmate territorial, le mépris de classe, l'illégitimité culturelle, le racisme et les phobies engendrées par la pratique de l'islam. Elles renforcent la fragmentation d'un système inégalitaire où la quête d'un enseignement « approprié » remodèle la légitimité et la rentabilité du capital culturel, jouant contre l'intériorisation d'une dignité et d'une singularité acquises par l'acculturation scolaire - dans une tension entre reproduction et émancipation incitant à repenser le rapport pédagogique et la performativité du savoir.