Mobilisation industrielle et position sociale : deux générations de travailleurs du nucléaire sur le centre de Marcoule, Gard
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis is a monograph on a new industrial activity in a formerly industrial-free region. In a study of the way people's professional career articulates with their residential patterns and history, industrial sociology and urban sociology are used to understand the local social stratification and the determinants of its successive "negotiation" over the generations. This research is based, 1) on an ethnographic observation of work, 2) on life-stories interviews about the professional and residential history of workers in the nuclear plant, and 3) on the study of administrative archives concerning the nuclear site and the local town. Chapter 1 presents the complex institutional framework in which nuclear industry developed at Marcoule, notably by stressing the room left to the actors for manoeuvre. Recruitment and accommodation initially offered by the centre encouraged the stability of the labour, differently in every generation (ch. 2). In chapter 3, an in-depth study of the work process reveals that those workers exposed to radiations risks have a large autonomy in the organization of their job, as well as particular modes of implication in their work that were developed in order to face these special constraints. By allowing "complementary" activities, the way the workers organize their job is also consistent with their residential plans, notably with their will to own their house ("pavillon"). The fourth and last chapter shows how the workers of the second generation found their place in the social organization resulting from the first industrial setting. But they sometimes also modified it, as shown by studies dealing with intermediary levels of analyse, such as the profession or the "quartier".
Abstract FR:
A travers l'étude monographique de l'industrialisation d'une activité nouvelle dans un espace industriellement vierge, il s'agit de penser, dans l'articulation de la carrière professionnelle et de la carrière résidentielle, de la sociologie industrielle et de la sociologie urbaine, les spécificités de la stratification sociale et les ressorts de sa renégociation au fil des générations de travailleurs qui se succèdent sur ce centre nucléaire. C'est par des observations ethnographiques des situations de travail, par des entretiens biographiques sur les trajectoires professionnelles et résidentielles de salariés du nucléaire et par le dépouillement de données administratives d'archives sur le recrutement du centre et sur l'histoire du site et de la localité, que cette recherche est menée. Le premier chapitre présente le cadre institutionnel multipolaire dans lequel se développe l'industrie nucléaire à Marcoule en soulignant, contre tout déterminisme technique exclusif, les marges de jeu qu'il laisse aux acteurs. Les conditions d'embauche et d'hébergement qui sont faites aux travailleurs du centre (ch. 2) amènent à distinguer deux générations mais favorisent pour chacune la stabilité de la main-d’œuvre. L'étude approfondie du travail (ch. 3) laisse voir une grande autonomie chez les travailleurs exposés aux dangers radiologiques en même temps que des régimes d'intensification de l'effort productif apparus pour faire face à ces contraintes de travail et en lien avec les projets résidentiels des travailleurs qui utilisent parfois du temps de travail à des fins personnelles. Enfin le quatrième chapitre montre comment la deuxième génération, par ses caractéristiques propres, trouve à s'intégrer dans l'organisation sociale établie à partir de la mise en forme industrielle initiale mais vient aussi parfois la perturber, ce que révèle l'étude des niveaux intermédiaires d'analyse que sont par exemple la profession dans l'ordre du travail ou le quartier dans l'ordre de la résidence