thesis

Une guerre des langues ? : le champ littéraire algérien pendant la «décennie noire» (1988-2003) : crise politique et consécrations transnationales

Defense date:

Jan. 1, 2015

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Spanning the fields of the sociology of literature and intellectuals, this dissertation studies the Algerian literary field as a bilingual, transnational one, during a period of crisis. It brakes with what I call "methodological monohngualism", as well as moving away from a "methodological nationalism" and a language of "crisis exception". I aim to understand the role of the linguistic issue (French/Arabic, Tamazight also) in writers' political stance during the civil war. We show that the transnational issue is far more decisive than the linguistic one in explaining the stance of writers, even though the civil war became what is sometimes called a "war of languages" within the literary field. Moreover, as many writers had to go into exile, especially in France, we show how this period questions the "national literatures" thesis adopted by some, and its image in the former metropole, between literary universality and a niche market. Finally the thesis sheds light on the relationship between literature and politics, since the literary value of political commitment differs from Algeria to France, and since other categories of intellectual increasingly compete with the figure of the "engaged writer". The empirical research is based on two statistical surveys, a bibliographical one of 1600 literary works published by Algerian writers and a prosopographical one of 174 writers in activity during the 1990s, enabling us to build a Multiple Component Analysis ; the research is also based on approximately 80 semi-structured interviews, archives, the exhaustive study of newspapers and the analysis of literary texts.

Abstract FR:

Entre sociologie de la littérature et des intellectuels, cette thèse rend compte du champ littéraire algérien comme champ bilingue, transnational, en période de crise : elle rompt avec ce que nous avons appelé le « monolinguisme méthodologique », se situe dans les recherches qui se détachent du « nationalisme méthodologique » et de l'« exceptionnalisme de la crise ». Elle évalue le rôle du facteur linguistique (arabe/français, tamazight traité à part) dans les prises de position politique des écrivains pendant la guerre civile : nous montrons que la dimension transnationale du champ est plus explicative, même si la guerre est devenue ce que certains ont appelé une « guerre des langues » dans le champ littéraire. En outre, dans un contexte d'exil massif d'écrivains notamment en France, la crise questionne la « littérature nationale », tant dans sa définition interne que dans son image dans l'ancien pays colonisateur, entre universalité littéraire et niche commerciale. Enfin elle pose la question de l'articulation entre littérature et politique, alors que la valeur littéraire de l'engagement est différente en Algérie et en France, et que la figure de l'écrivain engagé est concurrencée par d'autres figures intellectuelles. L'enquête empirique s'appuie sur deux bases de données originales, la première bibliographique recensant près de 1600 œuvres littéraires publiées par des Algériens, la seconde prosopographique, portant sur 174 écrivains en activité pendant la période et permettant une Analyse des Correspondances Multiples ; environ 80 entretiens semi-directifs ; des documents d'archive ; le dépouillement de titres de presse ; et des analyses d'œuvres littéraires.