thesis

La civilisation du samba : Sociologie des ritmistas d’école de samba à Rio de Janeiro

Defense date:

Nov. 30, 2020

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Institution:

Lyon

Disciplines:

Abstract EN:

“The greatest show in the world”, the carioca samba schools’ carnival parade is a cultural practice both associated with marginalized, black and popular population and constitutes a symbol of Brazilian national culture, transcending class and race identity. The ethnographical study of the daily life and practices of the ritmistas, who compose the baterias, percussive “heart” of the parades, aims at revealing what is at stake about this contradiction. Inherent to the samba schools since they appeared in the 1920’s and 30’s, this contradiction results into a legitimacy and respectability quest, from those institutions as well as the individuals who compose them, which leads to the implementation of a strong discipline, characterized by the euphemizing of race and class distinctions, such as by complex legitimacy relationships. The ethnographical material has been put into a sociohistorical, theoretical and political perspective, within the framework of a configurational sociology, applied to a domination sociology, in which the interdependence relationships at multiple levels and ongoing reconfigurations are revealed. The thesis aims at questioning the social, symbolical and practical materializations of a power relationship configuration in a postcolonial and postslavery context. The civilization quest in the samba schools, coming within the scope of the Brazilian civilization process, creates a multidimensional disciplinary dispositive, structuring the class, race and gender identities, and has concrete effects on the development of highly symbolical musical practices, such as on the ritmistas’ representations and trajectories. The introductive part of the thesis brings a theoretical, historical and methodological framework, showing the stakes of the specificities of the samba schools’ baterias field. The first part tackles the baterias as an institutional disciplinary dispositive, at a collective as well as individual level, through the study of the social conditions of the beginning of this practice, the configuration of the disciplinary dispositive inside the baterias, its bodily inscription, its temporal dimensions. The characteristics of this dispositive are the cause of the bateria seen as a space of reconfiguration of class, race and gender identities, because of the imbrication of the dynamics of civilization quest and process, which are studied in the second part. The third part questions the effects of this civilization process on the musical practices, through the analysis of the learning modes configurations, practices of musical listening, such as the manufacturing, the use and the reception of judging criteria of the baterias.

Abstract FR:

« Plus grand spectacle du monde », le défilé carnavalesque des écoles de samba cariocas constitue une pratique culturelle à la fois associée à une population marginalisée, noire et populaire, et portée comme un symbole de la culture nationale brésilienne transcendant les appartenances de classe et de race. L’étude ethnographique du quotidien et des pratiques des ritmistas qui composent les baterias, « cœur » percussif des défilés, a pour objectif de mettre au jour les enjeux de cette contradiction. Celle-ci, inhérente aux écoles de samba depuis leur apparition dans les années 1920-30, se traduit dans une quête de légitimité, de respectabilité et de civilisation de la part de ces institutions comme des individus qui les composent, ce qui conduit à la mise en place d’une discipline caractérisée par l’euphémisation des marqueurs raciaux et le lissage des relations de classe, ainsi que de rapports de légitimité complexes. L’approche repose sur une mise en perspective sociohistorique, théorique et politique du matériau ethnographique. Elle se situe dans le cadre d’une sociologie configurationnelle appliquée à la sociologie de la domination, et attachée à la mise au jour des rapports d’interdépendance à de multiples niveaux ainsi que des reconfigurations en train de se faire. L’objectif de cette thèse est de questionner les matérialisations sociales, symboliques et pratiques d’une configuration de rapports de pouvoirs dans un contexte postcolonial et postesclavagiste. La quête de civilisation des écoles de samba, inscrite dans le processus de civilisation brésilien, engendre un vaste dispositif disciplinaire aux dimensions multiples, qui structure les logiques d’appartenance de classe, de race et de genre, et a des effets concrets sur le développement de pratiques musicales à la portée hautement symbolique, ainsi que sur les représentations et trajectoires des ritmistas. La partie introductive de la thèse apporte un cadrage théorique, historique et méthodologique, structurant l’analyse des enjeux spécifiques du terrain des baterias d’écoles de samba. La première partie aborde les baterias en tant que dispositif institutionnel disciplinaire, tant au niveau collectif qu’individuel, au travers de l’étude des conditions sociales de l’entrée dans la pratique, de la configuration du dispositif disciplinaire interne aux baterias, de son inscription dans les corps, et de ses dimensions temporelles. Les caractéristiques de ce dispositif sont au principe de la bateria comme espace de reconfiguration des appartenances de classe, de race et de genre, du fait de l’imbrication des dynamiques de quête et de processus de civilisation, examinées dans la seconde partie. Enfin, la troisième partie questionne les effets de ce processus de civilisation sur les pratiques musicales, en analysant la configuration des modes d’apprentissage, les pratiques d’écoute musicale des ritmistas, ainsi que la fabrique, l’utilisation et la réception des critères de jugement des baterias.