Formes et modèles de la sociabilisation chez les Mitsogho du Gabon au XXe siècle
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Abstract EN:
The goal of this thesis is to describe the “coming out of ethnicism” of the tsogho culture in Gabon, through the strategic examination of its modes of socialization. As such, it brings together the socialization processes whose forms and models have been transformed throughout the 20st century. In the traditional Gabonese societies, the children socialization, provided by a customary model, was based on endogenous processes. The initiations, a decisive moment in this process, included the participation in the different activities of everyday life. Going through initiation had as a final goal the integration of the children into the environment where they belong. If the first acquisitions are still achieved in the initiatory corporations today, the seconds are, from now on, made by school, church, government and mass media. With the advent of capitalism, school, writing, church and government, a change of model has been made all at once in the economic, religious, educational, political and media related forms of socialization. Because of school, cinema, video games, Internet, television and press, the powerful multimedia means took over the education of the individuals and are used to carry the knowledge that doesn’t reproduce the customary cultural models. They are the means of spreading new mythologies which names are “success” and “prosperity” associated with the power of money, supreme incarnation of what Joseph Tonda conceptualized with the notion of “modern Sovereign”. It is a mixed power that includes, other than money, the “body-sex”, God, the Devil, products and witchcraft. Produced by this power, these mythologies maintain today their power both destabilizing and structuring for the socialization processes of the tsogho children. The multiple accusations of witchcraft, vampirism, that nowadays come along the life of the tsogho families, whatever their social class, education level or religious beliefs are, show the effects of the “modern sovereignty” that rules the individuals and groups in the whole Gabonese society.
Abstract FR:
Cette thèse s’attache à décrire la « sortie de l’ethnisme » de la culture tsogho du Gabon, à travers l’examen stratégique de ses modes de socialisation. Comme telle, elle reconstitue les processus de socialisation qui ont transformé leurs formes et leurs modèles au cours du XXe siècle. Dans les sociétés traditionnelles gabonaises, la socialisation des enfants, assurée selon un modèle coutumier, était fondée sur des processus endogènes. Les initiations, moments décisifs dans ce processus, incluaient la participation aux différentes activités de la vie quotidienne. Le passage par l’initiation avait pour but final l’intégration des enfants à leur milieu d’appartenance. Si les premières acquisitions se réalisent encore aujourd’hui dans les corporations initiatiques, les deuxièmes se font dorénavant par le biais de l’école, de l’église, de l’Etat et des mass-médias. Avec l’avènement du capitalisme, de l’école, de l’écriture, de l’église et de l’Etat, un changement de modèle s’est produit à la fois dans les formes économique, religieuse, éducative, politique et médiatique de la socialisation. Du fait de l’école, du cinéma, des jeux vidéo, d’Internet, de la télévision et de la presse, de puissants moyens multimédias ont pris le relais de l’éducation des individus, et servent à la transmission des savoirs qui ne reproduisent pas des modèles culturels coutumiers. Ils sont le moyen de propagation de nouvelles mythologies, dont les noms sont le « succès » et la « prospérité » associés à la puissance de l’argent, incarnation suprême de ce que Joseph Tonda a conceptualisé avec la notion de « Souverain moderne ». Une puissance composite qui comprend, en plus de l’argent, le « corps-sexe », Dieu, le Diable, les marchandises et la sorcellerie. Générées par cette puissance, ces mythologies affirment, aujourd’hui, leur puissance à la fois déstructurantes et structurantes dans les processus de socialisation des enfants tsogho. Les multiples accusations de sorcellerie, de vampirisme, qui ponctuent, de nos jours, la vie des familles tsogho, quelles que soient leurs classes sociales, quelles que soient leurs niveaux d’instruction ou leurs appartenances religieuses, traduisent les effets de cette « souveraineté moderne » qui gouverne les individus et les groupes dans l’ensemble de la société gabonaise