Les frontières comptables du social : la protection sociale et le salaire dans la comptabilité nationale (1944-2010)
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The accounting standards of social protection have been confronted to a reform that deeply changes the economical meaning of social benefits. On the one hand, the ©NU’s standards of national accounting recognize pension as the patrimonial element of labor remuneration, on the other hand, Eurostat’s social protection accounts tend to integrate individual insurance inside the social sphere. Those evolutions, in their own way, put into crisis the definition of social protection based on the distinction of wage and social benefits. Built during the Keynesian hegemony on national accounting standards, this representation of social protection as an institution designed for income redistribution has been supplanted by a reinterpretation of social flux in the direction of commodification. In this context the separation of social benefits and wage has become more and more unclear. In order to understand the meaning of this contemporary reform of statistics, l aim in this PHD to bring out the crossover history of wage and social benefits standards. My research is based on archives of the institution which was responsible for the publication of national accounting since l944, on the analysis of handbooks of accounting standards and on scientific publications concerning social protection standards. Starting from the evolution of national and social accounts, I try to understand the rise, the management and the crisis of accounting boundaries between economic and social flux.
Abstract FR:
La mise en compte de la protection sociale est confrontée à une double réforme qui reconfigure radicalement le sens économique des prestations sociales. D’une part, les manuels de référence onusiens de comptabilité nationale reconnaissent progressivement la pension comme un élément patrimonial de la rémunération du travail et d’autre part, les comptes de la protection sociale d’Eurostat tendent à intégrer en leur sein les revenus des assurances privées et facultatives. Chacune de ces évolutions comptables remet en cause la définition de la protection sociale fondée sur une distinction stricte entre les flux qui relèvent du salaire et les prestations sociales. Forgée pendant l’hégémonie de l’économie << keynésienne >> sur les comptes de la nation, la représentation de la protection sociale comme institution d’allocation des revenus au service des politiques publiques est emportée par une réinterprétation marchande qui rend de plus en plus incertain le partage des flux entre la sphère salariale et celle du champ monétaire du social. Pour comprendre le sens de la réforme en cours des statistiques de la protection sociale, je propose dans cette thèse de reconstruire l’histoire croisée de l’enregistrement comptable des prestations sociales et du salaire. Mon matériel repose sur le dépouillement d’archives des institutions qui ont assumé la production des normes françaises et internationales de comptabilité nationale et des comptes sociaux depuis 1944, l’analyse des manuels de comptabilité nationale et des publications académiques concernant les comptes de la protection sociale. A partir de l’évolution des normes de la comptabilité nationale et des comptes sociaux, il s’agira de comprendre la naissance, la gestion et la crise de la frontière comptable entre les prestations économiques et les prestations sociales.