Dénouer les fils de la coordination à travers l’appréhension des grammaires locales : analyse des pratiques de coordination pour la gestion des ressources productives dans le périmètre du Gharb au Maroc
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The thesis focuses on coordination practices for the management of productive resources in the Gharb large-scale irrigation scheme in Morocco. Through a monographic analysis of three villages, it analyzes the concrete modalities of management, stakeholder networks and different coordination grammars in a context structured by several transformations: the evolution of the roles of the state, the emergence of new stakeholders and the implementation of many institutional reforms. The approach used considers the multiple dimensions (historical, contextual, and relational) of coordination and innovates in the way it initially focused on practices initiated by farmers. The study unveils a plurality of coordination practices, which are flexible, informal and anchored in daily lives at local level. We have shown that beyond a mere adaptation to transformations of the management at scheme level, these practices allow farmers to improve their socio-economic conditions and to implement technological innovations. These practices provide evidence of the renegotiation of farmers’ relation with the state and of a building of collective entities involving social, economic and identity dimensions. However, the sustainability of these practices is constrained by the lack of state recognition and support of these practices, by the difficulty to evolve towards more formal forms of collective action, and by the weights of socio-economic inequalities. The thesis proposes ways to rethink the issue of coordination in large-scale irrigation schemes and to identify new forms of connection between collective action at community level and public action; and this may be of relevance for both research and public policies.
Abstract FR:
La thèse porte sur les pratiques de coordination pour la gestion des ressources productives dans le périmètre de grande hydraulique du Gharb au Maroc. A travers une analyse monographique de trois villages, elle appréhende les modalités concrètes de la gestion, les réseaux d’acteurs et les différentes grammaires de la coordination dans un contexte structuré par de nombreuses mutations : évolution des rôles de l’Etat, émergence de nouveaux acteurs et mise en place d’une multitude de réformes institutionnelles. L’approche proposée resitue la problématique de la coordination dans ses multiples dimensions (historiques, contextuelles et relationnelles) et propose une entrée originale axée sur les pratiques in situ. La thèse met en évidence une pluralité des pratiques de coordination qui empruntent des formes flexibles, informelles et ancrées dans le vécu local. Nous avons montré qu’au-delà d’une simple adaptation aux transformations de la gestion à l’échelle du périmètre, ces pratiques permettent aux agriculteurs d’améliorer leurs conditions socio-économiques et d’introduire des innovations techniques. Ces pratiques témoignent d’une renégociation du rapport à l’Etat et de la construction de collectifs dans des dimensions à la fois sociale, économique et identitaire. En revanche, la durabilité de telles pratiques et leur capacité à déboucher sur une capacité d’action plus large des agriculteurs sont affaiblies par l’absence de reconnaissance et d’appui de l’Etat, par la difficulté d’évoluer vers des formes plus formalisées d’action collective et par le poids des inégalités socio-économiques. La thèse propose des pistes pour repenser la coordination dans les périmètres irrigués et les nouvelles articulations entre l’action collective à l’échelle des communautés et l’action publique à la fois par la recherche et par les politiques publiques.