thesis

Les paradoxes d'une histoire sans transition : entre l'Ouest et la nation, les mobilisations gaies et lesbiennes en Pologne (1980-2010)

Defense date:

Jan. 1, 2015

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

This dissertation traces the genealogy of the Polish lesbian and gay movement from its emergence in the 1980s to 2010. It constructs an inductive political chronology, thus departing from the usual narrative of institutional politics. This chronology of gay and lesbian mobilization: involves a double paradox. Firstly, the 1989 "transition to democracy" and its consequences did not create a favorable context for properly political mobilizations on gay and lesbian issues. Only ten years after the "transition" did the conditions for the emergence of a second wave of mobilization appear: it brought the lesbian and gay cause to public space in the beginning of the 2000s. At that time, Poland's immanent accession to the European Union generated a second paradox. While the context offered important opportunities for the gay and lesbian movement, it simultaneously favored the rise of nationalist mobilizations that appeared within and outside the party system, and used homophobia as a political resource. Criticized for not being authentically Polish, the lesbian and gay activists were confronted with a dilemma. The dissertation demonstrates that the entanglement of local dynamics and transnational West-East circulations did not start in the 2000s; rather, it has been unfolding already since the emergence of the movement in the 1980s. The mobilization elaborated original solutions through political bricolage, consisting in the appropriation of Western elements and the political use of national elements, extending as far as patriotic claims.

Abstract FR:

Cette thèse retrace la généalogie des mobilisations gaies et lesbiennes polonaises, depuis leur émergence dans les années 1980 jusqu'à la fin des années 2010. Elle en fait une chronologie inductive, proprement politique, dont les étapes ne sont pas celles de la politique institutionnelle. Cette histoire présente un double paradoxe. En premier lieu, la « transition à la démocratie » de 1989 et ses conséquences ne constituent pas, pour les groupes gais et lesbiens émergents, un contexte favorable au développement d'actions collectives spécifiquement politiques. C'est seulement dix ans plus tard que les conditions seront réunies pour l'émergence d'une deuxième vague de mobilisations, qui porte la cause gaie et lesbienne dans l'espace public au début des années 2000. À ce moment-là, l'imminence de l'adhésion à l'Union européenne engendre le deuxième paradoxe : si ce contexte est porteur d'opportunités importantes pour le mouvement gai et lesbien, il est simultanément propice à la montée de mobilisations nationalistes qui se saisissent de l'homophobie comme d'une ressource politique. Accusé. E. S de n'être pas authentiquement polonais. Es, les militant. E. ; sont confronté. E. S à un dilemme. La thèse démontre que ce n'est pas seulement dans les années 2000, mais en réalité depuis leur émergence dans les années 1980, que ces mobilisations sont prises dans une tension entre dynamiques locales et circulations transnationales Ouest-Est. Les réponses originales élaborées par les mobilisations prennent la forme d'un bricolage politique, entre l'appropriation d'éléments issus de l'Ouest et la récupération d'éléments nationaux, qui peut aller jusqu'à la revendication de patriotisme.