La mise au travail : ethnographie des relations professionnelles dans une grande entreprise à l'actionnariat financier
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This study is based on a transversal participatory observation across the different social positions of an important super market group, within the direction of the group, the main majority union and from the employee's position. The aim of the study is to analyse the means by which the employer of a super market group directed by financial shareholding constrains employees to work in a specific way desired. Ln 2008, for the first time since its creation, the group's ownership was transferred from the original founding families to become managed by a financial investment fund which put in place a new direction. The new share-holders fixed a new productivity target around 15%, a massive cost reduction plan was set in motion and the new direction was forced to keep the same amount of outlets opened with 9. 3% less employees. Ln this context of financialisation of the share-holding and cost-reduction rationale, how is the employees' work investment obtained? The study shows that employees' work investment is the product of a continuous de-multiplication process of linkages between individuals in senior management, in unions and with employees, which creates a sufficientl dense web rendering any potential exit difficult for anyone. Lndividuals are rather constrained than convinced. Ln the end, placed at the center of economic, normative, personal and affective interactions, they are stuck in a relational configuration forbidding them to completely disinvest themselves. The means to obtain employees investment is designed by the parameters of the professional situation of the employees in such a way that it appears to them neither possible nor desirable to disinvest themse. . .
Abstract FR:
A partir d'une enquête en observation participante transversale conduite au sein de la direction d'un grand groupe de distribution, de l'organisation syndicale majoritaire et des salariés d'hypermarchés, ce travail a pour objectif d'étudier les moyens d'obtenir le travail des salariés dans un groupe de grande distribution à l'actionnariat financier. En 2008, pour la première fois depuis sa création, ce groupe quitte les mains de ses familles fondatrices pour passer entre celles d'un fond d'investissement qui nomme un nouveau PDG. Les objectifs de rentabilité fixés par les nouveaux actionnaires avoisinent les 15%, un plan colossal de réduction des coûts est mis en place et la nouvelle direction est contrainte de faire fonctionner un nombre inchangé d'hypermarchés avec 9,3% de salariés en moins. Comment l'investissement des salariés est-il obtenu dans ce contexte de financiarisation de l'actionnariat et de réduction des coûts ? Il est en fait le produit d'un processus continu de multiplication des liens entre les responsables patronaux, syndicaux et les salariés, qui finit par créer une toile suffisamment dense pour qu'il devienne très difficile à quiconque de s'en extirper. Les individus sont plus coincés que convaincus. Placés au centre d'interactions économiques, normatives, personnelles, affectives, ils sont finalement tenus par une configuration relationnelle les empêchant de totalement se désinvestir. Les modes d'obtention de l'investissement consistent en fait à définir les paramètres de la situation professionnelle des salariés de telle sorte qu'il ne leur semble ni possible, ni souhaitable de se désengager.