Les conditions sociales de l'automutilation juvenile : une approche sociologique
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Thesis proposes a sociological approach to self-injury practices, a matter which is traditionally studied by psychology. This practice is defined as deliberate and repetitive self-inflicted injury, which is socially stigmatized and performed in order to relieve oneself of some kind of malaise this is done without any conscious suicidal, sexual or esthetical intentions. The empirical material is mostly composed of repeated in depth interviews with adolescents and young adults who were recruited in online forums and mental health establishments. Following a methodological discussion on the particularities of these fields of investigation, the analysis is presented around two main lines. First, I provide a concrete description of how self-injury occurs in regard to the life trajectories of the affected individuals, the everyday occurrence of this behavior, and the practical modalities of such acts. Second, the search for some "social conditions" of self-injury is the crux of the analysis. Individual case studies elaborate the three dimensions of self-harming practices -secrecy, deviance and self-aggressivity -which contribute to its effectiveness and relative choice. This perspective leads to a sociological interpretation where self-injury is considered in light of the social positions into families of the subjects, the issue being crucial in their school lives, their social belonging, as well as in their corporeal experiences and gender identities. This thesis provides a reflection on the social circumstances which facilitate the recourse to self -injury. It leads to an examination of such practices as a technique of self-control
Abstract FR:
Cette thèse propose une approche sociologique des pratiques d'automutilation, définies comme des blessures auto-infligées intentionnelles, répétées, stigmatisées socialement et effectuées en vue de se soulager d'un mal être -sans intentions consciemment suicidaires, sexuelles ou esthétiques. Le matériel d'enquête se compose essentiellement d'entretiens approfondis et répétés avec des adolescents et jeunes adultes, rencontrés à partir de forums Internet et d'établissements de santé mentale. Suite à l'exploration des questions méthodologiques inhérentes à ces terrains, l'analyse s'organise autour de deux axes. D'une part, il s'agit de fournir une description concrète de la manière dont se produit l'automutilation, à l'échelle des trajectoires de vie des individus concernés, de la trame quotidienne des auto-blessures ainsi que des modalités pratiques de l'acte. D'autre part, c'est la recherche des « conditions sociales » de l'automutilation qui fonde l'essentiel de l'analyse. Partant du constat que trois dimensions de la pratique contribuent particulièrement à son « efficacité » et à son « choix» relatif (la discrétion, la déviance et l'auto agressivité), ces fils sont déroulés au cours d'études de cas individuels. Cette optique mène à une interprétation sociologique de l'automutilation au prisme des enjeux de positionnement social dans la famille des enquêtés, enjeux pesant aussi bien sur leur vie scolaire et leur sentiment d'appartenance sociale, que sur leur expérience corporelle et leur identité de genre. Cette thèse consiste donc en une réflexion sur les circonstances sociales qui rendent possibles le recours à l'automutilation.