thesis

Le pardon à l'épreuve d'un génocide : discours et pratiques du pardon au Rwanda (1994-2006)

Defense date:

Jan. 1, 2011

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Abstract EN:

As an introduction we started from a banal observation, that it is difficult to define the notion of forgiveness. This term covers a heterogenous body of practices and can also have multiple moral, legal and religious meanings. Investigations carried out in Rwanda between 1994 and 2006 have enabled us to put more and more actors into spotlight who constantly take possession of the vocabulary of forgiveness in the perspective of national reconciliation. After examining discourses and practices of forgiveness -in prison, at catholic rural parish level, at the level of a cell (the smallest administrative entity) and at Detmold in Germany -we have characterized and distinguished the main forms of forgiveness according to the actions and to the devices implemented. In Rwanda, the notion of forgiveness after the genocide gives rise to radically different configurations. The practice of forgiveness implies that the floor is taken to put the negative reality into words. If forgiveness given or asked for can become a tool of constraint and defense of particular interests, an action that is being sought to extort, it is not limited to the defense of individual or collective prerogatives. Forgiving offers the opportunity to “start anew”, to become a source of inspiration and sometimes to create a personal and collective resource to stop the spiral of violence.

Abstract FR:

En introduction, nous sommes parti d'un constat banal, celui de la difficulté de définir la notion de pardon. Cette notion recouvre en effet un ensemble hétérogène de pratiques et peut prendre des acceptions morales, juridiques et religieuses multiples. L'enquête effectuée au Rwanda sur la période comprise entre 1994 et 2006 nous a permis de mettre en lumière des acteurs de plus en plus nombreux à s'emparer constamment du vocabulaire du pardon dans la perspective d'une réconciliation nationale. Après avoir examiné des discours et des pratiques du pardon -en prison, à l'échelle d'une paroisse catholique rurale, sur une cellule (la plus petite entité administrative) et à Detmold en Allemagne -nous avons caractérisé et distingué les formes principales du pardon selon les acteurs en présence et les dispositifs mis en œuvre. La notion de pardon après le génocide donne lieu, au Rwanda, à des configurations radicalement différentes. La pratique du pardon suppose de prendre la parole pour mettre en récit une réalité négative. Si le pardon accordé ou demandé peut devenir un instrument de contrainte et de défense d'intérêts particuliers, un acte que l'on cherche à extorquer, il ne se limite pas à la défense de prérogatives individuelles ou collectives. Pardonner offre la possibilité de «faire du neuf », de devenir source d'inspiration et parfois de créer une ressource personnelle et collective pour renoncer à la surenchère dans la violence