Le militantisme politisé, judiciaire et social : une étude comparative des syndicalismes au Chili et en France (1980-2010)
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Our work aims to transcend the "declinological approach” that has been popular among labor unions specialists since the 1980's. We are interested in the activism models that representing different projects of trade unionism, compete for hegemony in France and in Chile today. How did these two labor union systems, sharing the same revolutionary matrix, acclimatize to two opposite modes of social construction (conservative-corporatist and a neoliberal Welfare State)? To answer this question, we carried out sixty interviews with trade unionists in both countries, as well as five with experts and a participating observation. Analyzing the interviews we distinguished three archetypes of labor union activism: politicized activism, judicial activism and social activism. The first two models are present in both Chile and France, whereas the last one represents a group present only in Chile. Inspired on a "bottom up' approach, the last chapter attempts to explain national diversity and differences between both of the studied systems, through an analysis of the activist's commitment trajectories. Besides the description of this typology, each chapter attempts to discuss important subjects for the sociological debate: the sociological construction of labor union as an object of study, the political projects of labor unions, the "judicialization" of work conflicts, how labor unions asses representativeness, and the "professionalization" of union activists
Abstract FR:
Notre travail se veut une tentative de dépassement du discours «déclinologique» qui s'est imposé dans le milieu des spécialistes de syndicats depuis les années 1980. Nous nous intéressons aux modèles de militantisme qui, incarnant des projets de syndicalisme différents, se disputent aujourd'hui l'hégémonie en France et au Chili. Comment ces deux systèmes syndicaux, issus d'une même matrice révolutionnaire, se sont-ils acclimatés à deux modes opposés de construction du social (un État social «conservateur-corporatiste» et un État «néolibéral») ? Pour répondre à ce problème, nous avons réalisé une soixantaine d’entretiens avec des responsables syndicaux dans les deux pays, cinq auprès d’experts et une observation participante. À partir des entretiens, nous distinguons trois modèles de militant syndical: le militant politisé, le militant judiciaire et le militant social. Les deux premiers modèles sont présents autant au Chili qu'en France, tandis que le dernier représente exclusivement un groupe des syndicalistes chiliens. Afin d'expliquer « d'en bas» la diversité nationale et l'écart entre les deux systèmes étudiés, le denier chapitre est consacré à l'analyse des parcours d'engagement des syndicalistes. Outre la description de cette typologie, chacun des chapitres se propose de discuter des sujets importants dans le débat sociologique: la construction sociologique de l'objet syndical, les projets politiques des syndicats, la «judiciarisation» au travail, le traitement syndical de la question de la représentativité et la professionnalisation des militants syndicaux