Le sujet « Alzheimer » : de l’objet d’étude au sujet de l’inconscient
Institution:
Rennes 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis aims to show that the diagnosis "Alzheimer" unjustly causes the rejection of the person and the foreclosure of the subject of the unconscious in our Western society. The place of the one who is diagnosed, evaluated, and also explained according to scientific theories is questioned through reference to a variety of disciplines, as well as psychopathological analysis of six clinical cases. I note the hypothesis that the "Alzheimer's" entity is based on a phenomenon of « pathologization » of old age, underpinned by economic and political logic and reflecting the biomedical model of our society. It leads to exclusion and stigma. I demonstrate cognitive and neuroscientific reductionism : the phenomena of the mind cannot be fully comprehended by objectivity while the clinic demonstrates the singularity and contingency at the origin of démentia’s manifestations. A psychoanalytic analysis of clinical cases allows us to hear a coherence - a fantasy logic - in the mnemonic changes, as well as the unconscious psychic processes constituting the subject and his reality, in changes in the relationship to time. Shifting from a scientific interpretation allows us to hear through these manifestations the fundamental questions of the subject and its symbolic determining. Against the exclusion, the stigmatization of our elders by the nosological entity "Alzheimer", wrongly regarded as "spiritless", olds in "deficit", it is an ethical necessity to agree in them to the whole subjective and human dimension to reassign them place and dignity.
Abstract FR:
Cette thèse a pour visée de démontrer que le diagnostic « Alzheimer » provoque injustement le rejet de la personne et la forclusion du sujet de l’inconscient dans notre société occidentale. La place de celui qui est diagnostiqué, évalué, mais également expliqué selon les théories scientifiques est questionnée à travers la référence à une variété de disciplines, ainsi que l’analyse psychopathologique de six cas cliniques. Je relève l’hypothèse selon laquelle l’entité « Alzheimer » repose sur un phénomène de pathologisation de la vieillesse, sous-tendu par des enjeux économiques et politiques et reflétant le modèle biomédical de notre société. Elle conduit à l’exclusion et à la stigmatisation. Je démontre des réductionnismes cognitivistes et neuroscientifiques : les phénomènes de l’esprit ne peuvent être totalement cernés par l’objectivité alors que la clinique démontre la singularité et la contingence à l’origine des manifestations démentielles. Une analyse psychanalytique des cas cliniques permet d’entendre une cohérence – une logique fantasmatique – dans les modifications mnésiques, ainsi que les processus psychiques inconscients constitutifs du sujet et de sa réalité, dans les modifications du rapport au temps. Se décaler d’une interprétation scientifique permet d’entendre à travers ces manifestations les questions fondamentales du sujet et sa détermination symbolique. Contre l’exclusion, la stigmatisation de nos aînés par l’entité nosologique « Alzheimer », considérés à tort comme des « sans esprit », des vieux « déficitaires », il est une nécessité éthique d’entendre chez eux toute la dimension subjective et humaine pour leur réattribuer place et dignité.