Itinéraire et vécu de l’aide médicale à la procréation en contexte migratoire des femmes d’Afrique subsaharienne
Institution:
Sorbonne Paris CitéDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This work aims to explore the experience of the process of medical assistance to procreation (MPA) in a migratory context, women from sub-Saharan Africa. The research was conducted in a hospital for procreation medical assistance in Île-de-France, also specialized in the treatment of people with a viral risk. The following cases were studied: first, migrant women having discovered infertility before or during migration. Then there are couples where infertility is male. In addition, there are also couples where infertility is discovered in both partners. The last case is where the infertility originates from a viral infection (HIV, HBV, HCV) contracted by one or both spouses. The research was carried out in two main stages, observation of reproductive medicine consultations for several months with different doctors, followed by semi-directive and non-directive interviews with seventeen elderly migrant women. aged 25 to 42, having started medical treatment. For the qualitative analysis of the interviews, my working methodology was focused on "Grounded Theory" and "Complementarism". In addition, this methodology has been reinforced by a category coding performed with the Nvivo 10 software, a tool to help classify empirical material, which does not replace the researcher or the paper-and-pencil analysis. Through the difficulties and the complex process of MPAs, this study has made it possible to identify specificities existing among these migrant women, the intercultural encounter, an often unknown technicality, the weight of specific sociocultural factors as well as the elements of the psychological singularity. These analyzes reveal different important parameters, the influence of cultures not only on the representations of infertility, but also on the desire or the need for children as well as on the degree of acculturation. Also, the length of stay, the geographical origin, the family pressures and the fears of polygamy are all parameters highlighted. This medical path is lived according to the cases, like a course of social emancipation with a desire to free oneself from the cultural norms of the place assigned to the woman. The experience of the MPA is indeed marked by different phases: idealization, hope, disillusionment, discouragement and depression depending on the situation, and therefore, a path that is not devoid of traumatic aspects. The culturally coded behavior of women has been a source of misunderstanding with the medical team. For example, some women could enroll in medical pluralism (biomedical and traditional medicine). These attitudes were sometimes at the origin of disruptions or suspensions of incomprehensible care by the medical team.
Abstract FR:
Ce travail vise à explorer le vécu du processus d’assistance médicale à la procréation (AMP) en contexte migratoire, des femmes d’Afrique subsaharienne. La recherche a été menée au sein d’un centre hospitalier d’assistance médicale à la procréation en Île-de-France, également spécialisé dans le traitement des personnes ayant un risque viral. Les cas de figures suivants ont été étudiés : tout d’abord, des femmes migrantes ayant découvert leur infertilité avant ou pendant la migration, ensuite, des couples ou l’infertilité serait d’origine masculine, des couples où l’infertilité est découverte chez les deux partenaires. Le dernier cas de figure est celui où l’infertilité tirerait son origine d’une infection virale (VIH, VHB, VHC) contractée par l’un voire les deux conjoints. La recherche s’est déroulée en deux étapes principales, observation des consultations de médecine de la reproduction durant plusieurs mois avec différents médecins, suivie d’un travail d’entretiens semi-directifs et non directifs effectué auprès de dix-sept femmes migrantes, âgées de 25 à 42 ans, ayant entamé une prise en charge médicale. Pour l’analyse qualitative des entretiens, ma méthodologie de travail a été axée sur "la Grounded Theory" et sur le "Complémentarisme". De plus, cette méthodologie a été renforcée par un codage des catégories réalisé avec le logiciel Nvivo 10, outil d’aide à la classification du matériel empirique, qui ne se substitue pas au chercheur ni à l’analyse papier-crayon.À travers les difficultés et le processus complexe d’AMP, cette étude a permis de dégager des spécificités existant chez ces femmes migrantes, la rencontre interculturelle, une technicité souvent inconnue, le poids des facteurs socioculturels spécifiques ainsi que les éléments de la singularité psychologique. Il ressort de ces analyses différents paramètres importants, l’influence des cultures non seulement sur les représentations de l’infertilité, mais aussi sur le désir ou sur le besoin d’enfant ainsi que sur le degré d’acculturation. Aussi, la durée du séjour, l’origine géographique, les pressions familiales et les craintes de polygamie sont autant de paramètres mis en exergue.Ce parcours médical est vécu suivant les cas, comme un parcours d’émancipation sociale avec un désir de se dégager des normes culturelles de la place assignée à la femme. Le vécu de l’AMP est marqué en effet par différentes phases : idéalisation, espoir, désillusion, découragement et dépression suivant les situations, et donc, un parcours qui n’est pas dénué d’aspects traumatiques. Le comportement des femmes très codé culturellement s’est révélé source de malentendu avec l’équipe médicale. À titre d’exemple, certaines femmes pouvaient s’inscrire dans le pluralisme médical (biomédicale et médecine traditionnelle). Ces attitudes étaient parfois à l’origine des ruptures ou des suspensions de prise en charge incompréhensibles par l’équipe médicale.