thesis

Des narrations d’expériences extrêmes engageant le social à l’accompagnement thérapeutique de sujets en exil et en précarité, confrontés à des traumatismes majeurs avant, pendant et après leur parcours migratoire : une remontée aux sources relationnelles, corporelles, verbales et artistiques de la narrativité

Defense date:

Dec. 10, 2019

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Disciplines:

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Abstract EN:

This work on theoretical-clinical research in psychoanalysis and psychopathology traces the modalities of therapeutic treatment and clinical listening in relation to accounts given by people in exile and insecure situations in an emergency shelter, an administrative detention centre or a psychiatric hospital. An extensive period of counselling carried out in these places providing shelter, control or care, made it possible to reflect on the psychic issues faced by people who experienced major trauma before, during or after their exile, and on the therapeutic dimension of narration. Offering transference in order to draw out their story within a contained, flexible yet solid framework, finding with them ways of narrating it for themselves, or to others, and to develop it, to work on their experiences in order to free them from their status as a victim and to move into the future, these are all important clinical stages.The psychic work leading from the emergence and narration of memories to the acceptance of their story in a subjectivising process is considered in relation to the exploration of the internal plurality of the subject between the polyphony of the account, groupality per se and narrative identity. It also deals with the role of memory in building the individual, from traces of memory to remembering his story and the interactional reconstruction of individual, collective and institutional memories, through a multifocal, polymorphous and multidirectional process. And finally it is considered in relation to the concepts of subjectivation and intersubjectivity, with reference to the historical and epistemological heritage of institutional psychotherapy, psychoanalysis and the theory of attachment. There results from this a therapeutic proposal based on a clinical approach to social, intersubjective and empathetic relationships, by extending the theoretical and practical results of a psychoanalytical approach, centred on the words of the subject, and of a tradition of institutional psychotherapy focussed on the relational sources of care, while reclaiming non-verbal, physical and artistic forms of expression and mediation.Consideration is given to the framework of clinical sessions, the reorganization of provision and the interaction with those in the field, whether they be respresentatives of the state, legal or administrative authorities or socio-educational workers from associations managing shelters. The overall system of institutional power is thus considered in relation to the evolution of the conditions for receiving, sheltering and giving psychosocial care. The transformation of associations into organisations for managing shelters that are financed and in the main controlled by the state, the move from medico-social reception staff working on the principle of unconditionality to an ever more restrictive system in relation to rights, the proven presence also, in actions and in words, of exclusion, of the normalisation of discrimination and institutional violence, are measured against the subjectivity of those involved, the ideological, psychical and social foundations of their approach and the historical, political and legal context in which they develop.In the face of repeated trauma, therapeutic work aims to restore as much the subject’s narrative ability as his psychical, physical and mental faculties for developing, relating and telling to others his story, by mobilising relational, physical, verbal or artistic resources and by carrying out work on intrapsychic and intersubjective links, both in the context of the spoken word and in that of writing about the self, or again extraverbal translation and artistic mediation.

Abstract FR:

Ce travail de recherche théorico-clinique en psychanalyse et psychopathologie retrace les modalités d'accompagnement thérapeutique et d'écoute clinique des narrations des personnes en situation d'exil et de précarité, rencontrées en centre d'hébergement d'urgence, en centre de rétention administrative ou en hôpital psychiatrique. Un long travail d’accompagnement psychologique mené dans ces lieux de vie, de contrôle ou de soin a permis de réfléchir sur les enjeux psychiques des personnes confrontées à des traumatismes majeurs avant, pendant et après leur exil et sur la dimension thérapeutique de la narrativité. Soutenir une offre transférentielle pour faire émerger leur histoire dans un cadre contenant, souple et solide, trouver avec elles les moyens narratifs de se la représenter, de la raconter à un autre et de l'élaborer, travailler sur les expériences traversées pour sortir d’une situation victimaire et se projeter à nouveau dans l'avenir en constituent des étapes cliniques importantes. Le travail psychique menant de l'émergence et de la narration mémorielles à l'assomption de son histoire dans un processus de subjectivation est pensé en relation avec l'exploration de la pluralité interne du sujet entre polyphonie du récit, groupalité en soi et identité narrative. Il est aussi référé au rôle de la mémoire dans l'édification du récit de soi, depuis les traces mnésiques jusqu’à la remémoration de son histoire et la reconstruction interactionnelle des mémoires individuelle, collective et institutionnelle, à travers un processus multifocal, polymorphe et pluridirectionnel. Il est enfin décliné en relation avec les notions de subjectivation et d’inter-subjectivité, en référence à l'héritage historique et épistémologique de la psychothérapie institutionnelle, de la psychanalyse et de la théorie de l'attachement.Une proposition thérapeutique fondée sur une clinique du lien social, intersubjective et empathique s'en dégage, en prolongeant les acquis théoriques et pratiques d'une approche psychanalytique, centrée sur la parole du sujet, et d'une tradition de psychothérapie institutionnelle, focalisée sur les sources relationnelles du soin, tout en réhabilitant des formes d'expression et de médiation non verbales, corporelles et artistiques. Une réflexion est menée sur le cadre de la rencontre clinique, les réaménagements du dispositif et les interactions avec les acteurs du terrain, qu'il s'agisse de représentants de l' Etat, d'instances administratives et juridiques ou de travailleurs socio-éducatifs au sein d'associations gestionnaires de centres d'hébergement. L'économie générale du pouvoir institutionnel est ainsi pensée en rapport avec l'évolution des conditions d'accueil, de vie et d'intervention psychosociales. La transformation des associations en gestionnaires des centres d'hébergement financés et en grande partie contrôlés par l'Etat, le passage d'un cadre d'accueil médicosocial régi par le principe de l’inconditionnalité à une logique de plus en plus restrictive en matière de droits, la présence aussi de pratiques et de discours attestés d'exclusion, de naturalisation des discriminations et de violence institutionnalisée, sont questionnés à l'aune de la subjectivité des acteurs, des soubassements idéologiques, psychiques et sociaux de leurs positionnements et du contexte historique, politique et juridique dans lequel ils évoluent.Face à des traumatismes à répétition, le travail thérapeutique vise à restaurer les facultés narratives du sujet en tant que capacités psychique, physique et mentale, d'élaborer, de relater et d'adresser à un autre le récit de son histoire en mobilisant des ressources relationnelles, corporelles, verbales ou artistiques et en menant un travail de liaison intrapsychique et intersubjectif, entre affects et représentations tant dans un cadre d'oralité que dans un contexte d'écriture de soi ou encore de traduction extraverbale et de médiation artistique.