Analyse qualitative et quantitative du devenir à l’âge adulte de mineurs admis en accueil familial thérapeutique : nécessité de soigner les effets des liens primaires désorganisants chez les enfants placés afin de permettre une reprise de la subjectivation
Institution:
Université de Paris (2019-....)Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
While 2% to 3% of the entire French population is, or has been, concerned by Child Welfare (CW) as a minor, few research is focused on this part of society. Combined with this, the child protection system appears complex and obscure to a large part of the population, and also to partners such as carers.In this domain, which evolves almost in parallel with society, 164000 minors were separated in 2018 and then placed outside their homes in France. Only 800 of them were separated and then hospitalized in Therapeutic Foster Care (TFC).Since these centres are rare and poorly approached by research, and since all minors accompanied by the CW, often at the interface between psychiatry, psychology, somatic and social sciences, have a difficult place to establish, we felt it necessary to set up a study. To this end, we evaluated, through a cross-sectional and retrospective study, the adult outcome of children separated from their families and then admitted to 4 TFCs in child psychiatry sectors.The inclusion criteria were as follows: over 20 years old at the time of the study; admitted to TFC at least 8 years of age; out of TFC for at least 3 years.According to these criteria, 33 participants were included. They were 26.73 years old (±3.25), separated from their parents at 21.73 months (±13.25) and admitted to TFC at 30.27 months (±17.40).Quantitative evaluation uses the following tools: Mini International Neuropsychiatric Interview, Functional and Socio-affective Impact, CaMir (attachment) and Edicode (narrativity). The qualitative part uses Grounded Theory (GT). Our results show that the group of 33 participants has a narrative, attachment representations and socio-economic profile comparable to the results in the general population.Care, on average over 13 years (±2.10), is significantly associated with a better outcome as an adult, when linked to a parent-child separation before 18-25 months.The care seems to have allowed a resumption of a subjectivation that had been hindered by links of an irremovable and disorganizing nature.Despite the fact that our results show that the future is satisfactory, all participants stress, through the analysis by the GT, the abandonment of institutions in adulthood, and the need for an assessment interview a few years after the placement. Our qualitative results combined with the literature on the subject contribute to the importance of a systematic support programme between the ages of 18 and 25 years old for all former miners in care.
Abstract FR:
Alors que 2% à 3% de l’ensemble de la population française est, ou a été, concernée par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) en tant que mineur, peu de recherches s’intéressent à cette partie de la société. Associé à cela, le système de la protection de l’enfance apparaît comme complexe et obscur pour une grande partie de la population, et également pour des partenaires comme les soignants.Au sein de cet univers qui évolue en quasi parallèle de la société, 164000 mineurs, en 2018, étaient séparés puis placés en dehors de leur foyer en France. Seuls 800 d’entre eux étaient séparés puis hospitalisés en Accueil Familial Thérapeutique (AFT). Puisque ces accueils sont des lieux rares et peu approchés par la recherche, et que l’ensemble des mineurs accompagnés par l’ASE, souvent à l’interface entre psychiatrie-psychologie-somatique-sociale, ont une place difficile à établir, la mise en place d’une étude nous a semblé nécessaire. Pour cela, nous avons évalué au travers d’une étude transversale et rétrospective, le devenir à l’âge adulte, d’enfants séparés de leur famille puis admis dans 4 AFT de secteurs pédopsychiatriques. Les critères d’inclusions étaient les suivants : âgé de plus de 20 ans lors de l’étude ; accueilli en AFT au moins de 8 ans ; sorti de l’AFT depuis au moins de 3 ans.Selon ces critères 33 participants ont été inclus. Ils étaient âgés de 26.73 ans (±3.25), avaient été séparés de leurs parents à 21.73 mois (±13.25) et admis en AFT à 30.27 mois (±17.40). L’évaluation quantitative utilise les outils suivants : Mini International Neuropsychiatric Interview, Retentissement Fonctionnel et Socio-affectif, CaMir (attachement) et Edicode (narrativité). La partie qualitative utilise la Théorisation Ancrée (TA). Au total, ce groupe de 33 participants présente une narrativité, des représentations d’attachement et un profil socio-économique comparables aux résultats dans la population générale.Le soin apporté, en moyenne durant 13 ans (±2.10), est significativement associé à un meilleur devenir à l’âge adulte, lorsqu’il est lié a une séparation parents-enfant avant 18-25 mois.Le soin paraît avoir permis une reprise d’une subjectivation qui avait été entravée par des liens à caractère inaménageable et désorganisants. Malgré la constatation dans nos résultats d’un devenir satisfaisant, l’ensemble des participants soulignent par le biais de l’analyse par la TA, l’abandon des institutions à l’âge adulte, et la nécessité d’un entretien bilan quelques années après le placement. Nos résultats qualitatifs associés à la littérature sur le sujet contribuent à l’importance d’un programme d’accompagnement systématique entre 18 et 25 ans pour tous les anciens mineurs placés.