thesis

Défenses et résistance en psychodynamique du travail

Defense date:

Nov. 21, 2017

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Institution:

Sorbonne Paris Cité

Disciplines:

Authors:

Abstract EN:

Based on numerous surveys in psychodynamics of work conducted in public and private companies, in the sectors of industry and services as well as agriculture, this thesis proposes to analyse the individual and collective psychological springs of resistance actions against the constraints of work imposed by the neoliberal work organization. The clinical material of the research deals specifically with the relationships between the different forms of work organization on the one hand, and psychological suffering and mental pathologies on the other. In most cases, this material was collected through specialized interventions in "work clinics" at the request of occupational physicians or occupational health services. Through these interventions (which have resulted in changes in the work organization), attention has been paid to the concrete forms of resistance behaviours invented by workers when confronted with some methods introduced in companies since the managerial revolution. In this perspective, the analysis of the resistance behaviours made it possible to identify them as a turning point in the orientation of strategies of defense against suffering at work. The clinical facts constructed in these surveys suggest that this turning point affects electively the strategies of defense constructed to combat the ethical suffering, that is to say the suffering experienced by subjects when they are brought, by the instructions of the work organization, to contribute to practices which their moral sense condemns. Ultimately, the reference to living labor gives rise to a conception of the praxis of resistance aimed specifically at combating three of the consequences produced by the neo-liberal organization of work: contempt for living labor, loneliness and the banalization of social injustice. For this, the role of recomposing cooperation in labor appears to be the central element structuring the praxis of resistance. The thesis mobilizes knowledge in the field of clinical and psychodynamics of work first, in the field of psychology and psychoanalysis, "moral psychology" and finally political philosophy.

Abstract FR:

Fondée sur de nombreuses enquêtes en psychodynamique du travail menées au sein d’entreprises publiques et privées, relevant des secteurs de l’industrie et des services aussi bien que de l’agriculture, cette thèse se propose d’analyser les ressorts psychologiques individuels et collectifs de ce qui peut s’apparenter à des actions de résistance face aux contraintes du travail imposées par l’organisation néolibérale du travail. Le matériel clinique de la recherche porte spécifiquement sur les rapports entre les différentes formes d’organisation du travail d’une part, la souffrance psychique et les pathologies mentales d’autre part. Dans la plupart des cas ce matériel a été recueilli à l’occasion d’interventions spécialisées en clinique du travail engagées à la demande des médecins du travail ou de services de santé au travail des entreprises. Par le truchement de ces interventions (qui ont débouché sur des actions de transformation de l’organisation du travail), une attention particulière a été portée aux formes concrètes que revêtent les conduites de résistance inventées par les salariés lorsqu’ils sont confrontés aux dérives de certaines méthodes introduites dans les entreprises depuis le tournant gestionnaire. Dans cette perspective, l’analyse des conduites de résistance a permis de les identifier comme relevant d’un tournant dans l’orientation des stratégies de défense contre la souffrance au travail. Les faits cliniques construits dans ces enquêtes suggèrent que ce tournant affecte électivement les stratégies de défense construites pour lutter contre la souffrance éthique, c’est-à-dire la souffrance éprouvée par des sujets lorsqu’ils sont amenés, par les consignes de l’organisation du travail, à apporter leur concours à des pratiques que leur sens moral réprouve. In fine, la référence au travail vivant permet de dégager une conception de la praxis de résistance visant spécifiquement à lutter contre trois des conséquences produites par l’organisation néolibérale du travail : le mépris du travail vivant, la désolation et la banalisation de l’injustice sociale. Pour cela, le rôle revenant à la recomposition des coopérations dans le travail apparaît comme l’élément central structurant la praxis de résistance. La thèse mobilise des connaissances dans le champ de la clinique et de la psychodynamique du travail d’abord, dans le champ de la psychologie individuelle et de la psychanalyse ensuite, de la « psychologie morale » et de la philosophie politique enfin.