thesis

Ce qu’errer veut dire : Etude psychopathologique et anthropologique de l’errance à partir des clinques de la grande précarité. Proposition du concept d’errance essentielle

Defense date:

Jan. 1, 2016

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Institution:

Rouen

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Abstract FR:

Nous cherchons à cerner/discriminer ici ce que peut être l’errance à partir des cliniques de la rue dans notre société, à l’heure actuelle. L’errance est souvent confondue avec le fait SDF, ce qui s’avère abusif sur le plan psychopathologique et en se fondant sur une définition restrictive de l’errance comme évolution existentielle sans but. L’étude de psychopathologie fondamentale menée ici se fonde sur des observations cliniques réalisées dans le cadre d’une Equipe Mobile Psychiatrie Précarité (EMPP) et du travail partenarial fondé sur le «transfert de transfert ». La recherche explore d’abord la manière dont les SDF, vagabonds d’aujourd’hui, sont considérés socialement. Ce point importe comme préalable à notre travail puisqu’il précise le rejet/l’ambivalence culturel/le vis-à-vis de qui semble être en errance, de qui mène sa vie dans l’espace public. Les préjugés sont à déjouer au plus, posons-nous, pour un abord au plus objectif et la possibilité de rencontres. Il nous faudrait apprendre à ne plus rejeter ces hommes et femmes incarnant l’anti-modèle social pour ce faire, ce qui tient de ce que nous appelons un « effort non naturel » puisqu’allant à l’encontre du contre-transfert social ordinaire, intériorisé par tous (et donc par nous-mêmes, cliniciens, aussi). La seconde partie, après avoir précisé ce que peut être la vie à la rue, compare les différents types de personnalités que nous pouvons rencontrer dans l’exercice des EMPP. Elle se poursuit par la confrontation d’entités psychopathologiques souvent confondues, à tort, avec l’errance. Enfin, nous utilisons les conceptions de certains auteurs psychanalystes ou référés à la pensée freudienne, pour tenter de cerner ce que serait la dynamique ou l’adynamique interne du sujet en errance authentique, totale: sujet en peine de subjectivation, empêché, en suspens, privé de pensée réflexive, condamné/se condamnant à la répétition, à l’évolution dans un temps circulaire, au rabat opératoire… Nous le positionnons comme un sujet vide, handicapé dans toute possibilité d’investissement narcissique et d’investissement d’objet, resté arrêté par la plongée précoce dans un vécu agonistique comme un survivant. Nous proposons le concept d’errance essentielle en le définissant comme une dynamique existentielle pathologique issue d’un contexte traumatique précoce ayant remplacé la possibilité normale d’accès au vivant par une condition apparaissant définitive de survie fondée sur l’impossibilité d’accroche vraie à l’autre. L’errance essentielle fait vivre paradoxalement, de façon mortifère, en condamnant son porteur à ne pas acquérir, à ne pas (se) développer, à ne pas construire, le maintenant dans des non-liens, des non-sens par lui seulement acceptables, à une vie sans projet, sans désir, dans laquelle la subjectivation n’advient que très partiellement. Organisée autour de ce vide fondamental, de cette survie, l’errance essentielle conduit très sûrement à la désocialisation extrême, à la marginalisation grave, raccourcit la durée de vie. Nos conclusions vont d’une part dans le sens d’un travail de prévention clinique et d’accompagnement précoce pour les enfants ayant effectivement vécu des traumatismes graves et développant une non accroche dès leurs jeunes années. D’autre part, concernant les errants essentiels adultes, l’intérêt d’une vigilance clinique et de lieux de vie institutionnels, sans ambition inaccessible pour eux, sont préconisés. Nous soutenons l’intérêt de favoriser leurs expressions créatives.