Le travail du tiers dans l'institution : fonctionnement d'une cellule psychologique interne
Institution:
Sorbonne Paris CitéDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This research falls within the field of clinical psychology of groups and institutions referring to psychoanalysis. By way of a clinical study of internal listening units for employees in institutions (nursing homes, follow-up care clinics, psychiatric clinics), we will address the conditions third parties face within an institution. Following a violent, potentially traumatic event, such as the suicide of a patient, the institutions concerned may make use to this device. Two psychologists, also employees of one of the institutions' establishments, come to listen to the institution's employees. As a clinical psychologist, regularly posted to work inside the studied system, I have conducted my research from within the institution. I sought to define the difficulty facing third parties in finding their place when the framework is so interconnected (the establishment, the institution employing the psychologists, the psychology unit, the institution where the psychologist is posted) and aims to implement issues inherent to such a position. The methodology, in principle, creating a vast separation, consists of analyzing the clinical observations collected from a participatory standpoint in order to decompress them in an external research group brought together for this purpose. All of the documentation related to the studied system for a period of ten years was also analyzed, as well as several meetings between the participants. The primary function of care institutions is to address differences, differentiation, and lack of differentiation. Two poles complicate this reflection. On one hand, they condense the suffering of the populations they receive and the healing ideal they promote and in their negative incarnation, can prove to be a potentially destructive and alienating force; on the other hand, they are currently under great economic strain and a profound restructuration of the meta-social guarantors seeking to redefine themselves. This kind of questioning requires space for reflection, however small, within the institution. Addressing the conditions of third parties can contribute to relieving these spaces and help to open up the dialectic and creative possibilities for the issues surrounding caregiving. The space created however, is not guaranteed. A fourth and temporal dimension cannot be excluded. This dimension can be ascribed in a story that takes into account the legacies of the past, the difficulty in connecting them, helping to envision and work towards a possible continuation. This is what the account of the research process intends to illustrate.
Abstract FR:
Cette recherche s'inscrit dans le champ de la psychologie clinique des groupes et des institutions se référant à la psychanalyse. Par l'étude clinique d'une cellule d'écoute à destination de salariés d'institutions de soin (EHPAD, cliniques de soin de suite, cliniques psychiatriques), interne à une entreprise, nous proposons d'interroger les conditions pour occuper une place de tiers à l'intérieur d'une institution. À la suite d'un événement violent, potentiellement effractant, comme par exemple le suicide d'un patient, les institutions concernées peuvent faire appel à ce dispositif. Un binôme de psychologues, par ailleurs salariés d'un des établissements de l'entreprise, se déplace pour écouter les salariés de l'institution. Psychologue clinicienne dans une clinique psychiatrique et régulièrement détachée pour travailler au sein du dispositif étudié, nous avons conduit cette recherche de l'intérieur. Nous cherchons, à définir les difficultés pour adopter une place de tiers quand les cadres sont ainsi emboités (celui de l'entreprise, celui de l'établissement où travaille le psychologue, celui de la cellule psychologique, celui de l'établissement où intervient le psychologue) et à mettre au travail les enjeux d'un tel positionnement. La méthodologie, par un effet de mise en abîme, consiste à analyser des observations cliniques recueillies en position participante pour les décondenser dans un groupe de recherche externe rassemblé à cet effet. L'ensemble de la documentation relative au dispositif depuis dix ans a été également étudié, ainsi que quelques réunions d'intervenants. Les institutions de soin, pour assumer leur tâche primaire, interrogent la différence, l'indifférence, la différenciation, l'indifférenciation. Deux pôles complexifient ce travail de pensée. D'une part, elles condensent, par la souffrance des populations accueillies et par l'idéal soignant qu'elles promeuvent et son revers négatif, un potentiel destructeur et aliénant. D'autre part, elles sont actuellement soumises à des contraintes économiques et de profonds remaniements des garants métasociaux et métapsychiques, qui peinent à se redéfinir. Ces questionnements sont donc en quête d'espaces de pensée, au sein de l'institution, si minces soient-ils. Mettre au travail les conditions de la tiercéisation peut contribuer à desserrer ces espaces et ouvrir des possibilités dialectiques et créatives sur les enjeux du soin. L'espace ainsi créé n'est néanmoins pas garanti. Une quatrième dimension, temporelle, ne peut s'ignorer. Elle permet de s'inscrire dans une histoire qui prend en compte les héritages du passé, les difficultés présentes pour les lier, imaginer et œuvrer à une suite possible. C'est ce que souhaite illustrer le récit du processus de cette recherche.