thesis

Suicide : santé mentale et environnement organisationnel : dans quelle mesure peut-on prévenir un suicide dans une organisation ?

Defense date:

Jan. 1, 2014

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Institution:

Amiens

Disciplines:

Abstract EN:

Suicide is a multifactorial act, resulting from a number of risk factors over the life trajectory, within different domains of life and often have started during childhood. Representing 10500 deaths per year in France, and about 220 000 suicide attempts, suicide is a major public health problem (INSERM). Academic works in suicidology, report mental disorders as the most robust risk factor. Others are important risk factors, as personality traits and accumulation of difficulties in different life spheres. Several researchers have recently been interested in the link between suicide and work environment. Scientific literature is extensive concerning links between mental health and work, nevertheless rigorous researches on links between suicide and work environment are still needed, especially in France, where results from studies are sometimes incoherent with interpretations. The objective of the thesis is to explore differences observed between opinions and scientific conclusions in regards to the link between suicide and work environment. We formulated two research questions : can a negative work environment have a negative influence on mental health? Are work environment and/or work related-situations associated with a danger for mental health ? Three studies including two exploratory studies were conducted and based on semi-directive interviews. The first exploratory study consisted in an analysis of 23 salaries' discourses, from an industrial organization concerned by suicides and suicide attempts since 2010. The second exploratory study consisted in an analysis of 23 salaries' discourses, from a services organization, who were touched by two suicides in 2012. A third comparative study was conducted on the basis of semi-directive interviews, according to a psychological autopsy and life calendar methods. Semi-structured interview exploring love, family and professional spheres of life, past suicide attempts and mental health problems among 84 participants. A first group, 42 close relatives of people deceased by suicide, recounted the lives of the deceased person who was in employment at the time of death, was compared to a second group of 42 living participants, who also were in employment at the time of the study. Quantitatively (by ALCESTE) and qualitatively analyzed, data from both exploratory studies highlight common points shared by workers: a succession of reorganizations not well accepted, a high and growing workload, more and more urgencies interfering with daily- workload, the perceptions that the quality of their work is the best they could offer, the lack of autoncwiy, the lack of financial and symbolic gratitude, the perceptions of organisational injustice, a negative work climate (interpersonal conflicts, aggressions, threats, maybe moral harassment), the presence of work-family conflict, and the increase in psychological strain. Moreover, in the second study, physical or social isolations are described as associated with feelings of loneliness. Results of the comparative study, showed that significantly more mental health axis 1 disorders (especially mood and substances disorders) and an axis II disorder (especially Cluster C) are observed among participants deceased by suicide. As well, comorbidity and past suicide attempts are significantly more prevalent among participants deceased by suicide. No differences were observed between groups, concerning adversities in love relationships, family relations, social interactions and academic domain. However, living participants had significantly more adversities in professional domain over the life course and during the last five years. Conclusion According to our results, a work environment could have a negative impact on mental health. Some characteristics and work-related situations revealed in the two exploratory studies could be associated to a negative impact on mental health and psychological well-being. Nevertheless, concerning suicidal risk precisely, the comparative study shows that work adversities do not represent a robust or direct risk factor for suicide, but psychiatric disorders are. Furthermore, an analysis is proposed in conclusion to explore possible directions for a suicide prevention program in a work-related environment.

Abstract FR:

Le suicide est un acte multifactoriel, résultant d'un nombre de facteurs de risque au cours de la vie, relatif à différents domaines de. Vie et débutant souvent au cours de l'enfance. Représentant 10500 décès par an en France et avec environ 220 000 tentatives de suicide, le suicide est un problème de santé publique majeur (INSERM). Les travaux académiques en suicidologie rapportent que les troubles mentaux sont le facteur de risque plus robuste. D'autres sont d'importants facteurs de risque, comme les traits de personnalité et une accumulation de difficultés dans différentes sphères de vie. Plusieurs chercheurs ont récemment porté un intérêt sur le lien entre suicide et environnement organisationnel. La littérature scientifique est abondante sur les liens entre santé mentale et travail, néanmoins des recherches rigoureuses sur les liens entre suicide et environnement organisationnel sont encore nécessaires, spécialement en France où les résultats d'études sont parfois incohérents avec les interprétations. L'objectif de cette thèse est d'explorer des différences observées entre des opinions et des conclusions scientifiques au regard du lien entre suicide et environnement organisationnel. Nous avons formulé deux questions de recherche : une conjoncture organisationnelle négative peut-elle avoir une influence négative sur la santé mentale ? Des caractéristiques d'un environnement organisationnel et/ou des situations liées au travail sont-elles associées à un danger pour la santé mentale ? Trois études composent la thèse. Deux études exploratoires ont été conduites sur la base d'entretiens semi-directifs. La première étude exploratoire a consisté en une analyse des discours de 23 salariés d'une organisation industrielle concernée par des suicides et tentatives de suicide depuis 2010. La seconde étude exploratoire a consisté en une analyse des discours de 23 salariés d'une organisation de services, touchée par deux suicides en 2012. Une troisième étude comparative a été conduite sur la base d'entretiens semi-directifs, relativement à une méthode d'autopsie psychologique et une méthode de calendrier de vie. L'entretien semi-structuré a exploré les sphères de vie amoureuse familiale et professionnelle, les tentatives de suicide passées ainsi que les problèmes de santé mentale parmi 84 participants. Un premier groupe, 42 proches de personnes décédées - par suicide qui ont relaté les vies de personnes décédées, en emploi au moment du décès, a été comparé à un second groupe de 42 participants vivants, en emploi au moment de l'étude. Résultats Analysées quantitativement (par ALCESTE) et qualitativement, les données des deux études exploratoires soulignent des points communs partagés par les salariés : une succession de réorganisations pas bien acceptée, une charge de travail élevée et croissante, de plus en plus d'urgences interférant avec la charge de travail quotidienne, des perceptions de faire moins bien le travail, des manques perçus de temps, d'autonomie au quotidien, de reconnaissance financière et symbolique, perceptions d'injustice organisationnelle, un climat de travail négatif (conflits interpersonnels, agressions, menaces, harcèlement moral probable), une présence de conflits travail - famille ainsi qu'une hausse de tension psychologique. De plus, dans la seconde étude, des isolements physiques et sociaux sont décrits associés à des sensations de solitude. Les résultats de l'étude comparative montrent que significativement plus de troubles psychiatriques de l'axe I (surtout des troubles de l'humeur et des substances) et de l'axe II (surtout une personnalité du Cluster C) sont observés parmi les participants décédés par suicide. De même, une comorbidité et des tentatives de suicide passées sont significativement prévalentes parmi des participants décédés par suicide. Il n'y a pas de différences observées entre les groupes concernant les adversités dans les relations amoureuses et familiales, les interactions sociales et le domaine académique. Cependant, les participants vivants ont rencontré significativement plus d'adversités dans le domaine professionnel au cours de la vie et durant les cinq dernières années. Conclusion A la suite des résultats, il ressort qu'un environnement organisationnel pourrait avoir une influence négative sur la santé mentale. Certaines caractéristiques et situations de travail, telles que celles recensées dans les deux études exploratoires, pourraient être associées à un impact négatif sur la santé mentale et le bien-être psychologique. Néanmoins, au regard du risque suicidaire précisément, l'étude comparative montre que des difficultés professionnelles ne constituent pas un facteur de risque robuste ou direct, contrairement aux troubles psychiatriques. A l'issue des études, une analyse de la littérature complémentaire permet une exploration des pistes possibles pour l'élaboration d'un programme de prévention du suicide dans un environnement organisationnel.