Abstract FR:

A partir d’une approche socio-représentationnelle et féministe de la violence conjugale, cette thèse interroge les processus et les enjeux psychosociaux qui sous-tendent la légitimation de cette violence ainsi que les freins du recours aux dispositifs d’aide. Suite à une revue systématique de la littérature pointant le manque de problématisation de ces questions dans une perspective multi-niveaux, un programme de recherche pluri-méthodologique a été réalisé auprès de femmes victimes de violence et de personnes « toutes-venantes ». Les résultats montrent que les représentations sociales associées à la violence conjugale traduisent plusieurs tensions : d’une part, entre condamnation et légitimation de la violence à travers un processus de psychologisation et certaines logiques de raisonnements conduisant à diminuer la responsabilité de l’auteur et à augmenter celle de la victime ; et d’autre part, entre expérience subjective des victimes et attentes sociales relatives à la violence. Ces représentations sont co-construites dans la dynamique des interactions sociales et s’ancrent dans un réseau de significations préexistantes en jeu dans la définition patriarcale des rapports socio-symboliques entre les sexes, notamment dans des normes et valeurs associées au couple et à l’amour. Elles contribuent par ailleurs à façonner le vécu de la violence, impactent son identification ainsi que sa dénonciation et le recours à l’aide. Ce travail de thèse permet de mettre au jour des données socio-représentationnelles idéologiquement marquées et symptomatiques du climat sociétal dans lequel se trouvent les victimes de violence conjugale.