La perte du rein et la réactualisation de la perte de l'objet
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
A two-year long internship with the Val-de-Grâce hospital's nephrology services has uncovered, through interviews with patients who have lost their renal functions, certain psychopathological characteristics prevalent among them. With a psychoanalytic and psychosomatic perspective we analyzed the causes and consequences of the loss of renal function, and the ensuing dependency that it brings vis-a-vis the dialysis machine, the hospital staff, and society in general. Following the loss of the kidney we witness the manifestation of a separation that we compare to that that follows the loss of the phantasmatic breast. We refer to the psychosomatic school of Paris' hypothesis to explain that, due to an early trauma that overwhelmed their defense mechanism; these patients could not "mentalize" some amount of anxiety, indispensable to the proper development of the psyche. Hence the test of reality can be perturbed, and "somatization" be made easier. With bodies not "libidinalized" in its whole, patients endow the mechanism of urination with a death pulse, and diverge it of its finality. The loss of the kidney is thus lived like a just punishment to aggressive phantasm toward parents. Dialysis leads to the loss of the patients' sexual functions, and a regression of their body image which recenters itself around their fistula. The repetition of the dialysis, though with a deathlike character, has yet for goal to express, in a body language, their desire to unite at the primordial object, but is also a new attempt to master the boundaries of their bodies.
Abstract FR:
Un stage d'une durée de deux ans (1981-82), dans le service de néphrologie du Val-de-Grâce, a permis, grâce à des entretiens réguliers avec des personnes ayant perdu leur fonction rénale, de dégager certains caractéristiques psychopathologiques de ces patients. Dans une perspective psychanalytique et psychosomatique nous analysons les causes et les conséquences de cette perte du rein et de la dépendance qu'elle entraine vis-à-vis de la machine de dialyse, du corps hospitalier et du corps social en général. Apres la perte du rein nous constatons l'apparition d'un clivage que nous rapprochons de celui qui fait suite à la perte du sein fantasmatique. Nous nous referons à l'hypothèse de l'école psychosomatique de Paris, pour expliquer que les défenses de ses patients ayant été débordées, lors d'un traumatisme précoce, ces personnes n'ont pas pu mentaliser une certaine dose d'angoisse, indispensable au développement correct de l'appareil psychique. L'épreuve de réalité serait, ainsi, perturbée et la somatisation facilitée. Leur corps n'ayant pas été "libidinalisé", dans son ensemble par la mère, le mécanisme fonctionnel de l'évacuation de l'urine serait investi par la pulsion de mort et dévie de sa finalité. La perte du rein est, ainsi, vécu de manière coupable, comme une juste punition à des fantasmes agressifs envers les parents. La dialyse entraine la perte de leur fonction sexuelle et une régression de leur image corporelle qui se recentre autour de leur fistule. La répétition de la dialyse, bien que présentant un caractère mortifère, a donc pour but d'exprimer, dans un langage corporel, leur désir d'union à l'objet primordial, mais est aussi, une nouvelle tentative de maitrise des limites de leur corps.