thesis

L'adolescence et la problématique de la séparation : de l'espace familial à l'espace social

Defense date:

Aug. 2, 2016

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Institution:

Sorbonne Paris Cité

Disciplines:

Abstract EN:

Adolescence imposes new requirements on the family who then lives in dread of seeing its boundaries blurred and rubbed out - its boundaries between us and the others as well as those framing its different generations. The adolescent's intense process of affiliation to other groups threatens the agreements and alliances made to hold the family group together. The family's containing function is then absolutely necessary to deal with the adolescent's transformations. The adolescent needs to reconsider the separation between himself/herself and primary objects, between his/her Self and the other - that need being clearly expressed through his/her outward investment, commitment. He/She needs to find himself/herself a place to be and behave out of the family structure. This research is aimed at analyzing how the question of separation for adolescents impacts their family links, connections and relationship with their living places (home, community). Resulting from its author's questions and observations raised while working with teenagers in precarious living conditions, this study supports the hypothesis that the question of separation is experienced differently by those who have "realized" that their families and groups are - socially speaking - badly considered. From this perspective, eight group sessions (made up of eleven 15- to 17-year-old adolescents) were conducted according to Pichon-Rivière's operative group framework. In accordance with the psychoanalytic concept of the subject as the "subject of the link", this analysis is based on certain essential notions such as the ones of "unconscious alliance/s" and "collective (or group) narcissism". The interviewed adolescents showed a real effort to reflect on the question of the family's inside and outside - that question being parallel to their outward movement. They expressed that their families viewed the outside as a threat to their established alliances, a threat notably embodied by sexuality and by the risk of seeing "their" adolescent take part in the surrounding community's violence. Regarding their own opinion of the outside, those adolescents revealed both their expectation of experiencing pleasure - that is the pleasure of getting to know and to experience their intimate, inner aspects, unconceivable within their primary group - and the fear of occupying a new social place. The family's outside also turned out to be considered as a space of difference and social humiliation experienced by those teenagers bearing their group's and community's marks. Though through an unconscious movement of opposition to those derogatory marks, the adolescents actually reinforced their community's identificatory traits, thus highlighting the function of the latter, that is to be a containing space. In conclusion, those adolescents were met "half way", both on their way to ensure themselves a place in their community - which inherits the link and family identification - and to project themselves outwards, as if to "get loose" from the family connection and reconstitute themselves.

Abstract FR:

L'adolescence impose de nouvelles exigences à la famille qui connaît alors l'angoisse de l'effacement de ses frontières - frontières qui séparent le « nous » des « autres » et celles qui scindent les générations qui se succèdent. L'intense processus d'affiliation de l'adolescent/e à d'autres groupes menace les pactes et alliances garants du maintien du groupe familial. La capacité contenante de la famille est fortement requise pour que celle-ci soit à même d'accueillir les transformations vécues par l'adolescent/e. Il incombe à ce dernier / cette dernière de reconsidérer la séparation entre soi et les objets primaires, entre le Moi et l'autre, exigence rendue manifeste par son investissement vers l'extérieur. Aussi, l'adolescent/e doit se trouver une place au sein de liens externes, hors de sa famille. La présente recherche vise à analyser la manière dont la problématique de la séparation chez l'adolescent/e se répercute sur le plan des liens familiaux et sur sa relation avec ses espaces de vie (domicile, communauté). Née des interrogations de l'auteure, au fil de son travail auprès d'adolescents en situation de précarité sociale, cette étude soutient l'hypothèse que la problématique de la séparation chez ces adolescents revêt une coloration toute particulière du fait de la « découverte », par ces derniers, du piètre positionnement de leur famille et de leur groupe dans la société. Pour mener à bien cette recherche, ont été réalisées huit séances - ou rencontres - en groupe (composé de onze adolescents âgés de 15 à 17 ans), conduites sur la base du référentiel de groupe opératif de Pichon-Rivière. En accord avec la conception psychanalytique du sujet en tant que « sujet du lien», l'analyse s'appuie sur certaines notions fondamentales telles que celles d' « alliances inconscientes » et de « narcissisme groupal ». Les adolescents ont fait montre d'un grand travail d'élaboration psychique autour de la question du dedans familial et du dehors, parallèle à leur mouvement vers l'extérieur. Leurs propos ont indiqué que, pour leur famille, l'extérieur faisait figure de menace à l'encontre des pactes établis, menace notamment incarnée par la sexualité et par le risque de voir « leur » adolescent/e prendre part à la violence présente au sein de la communauté. Pour leur part, ces adolescents ont révélé à la fois l'expectative d'y obtenir du plaisir - à savoir celui de connaître et de vivre les aspects de leur être intime, aberrants à l'intérieur du groupe primaire - et de la crainte quant à ce nouveau lieu social à occuper. L'extérieur est également apparu comme un espace de différence et d'expérience d'humiliation sociale, vécue par les adolescents, porteurs des marques de leur groupe et de leur communauté. Au travers d'un mouvement inconscient d'opposition à ces marques sociales avilissantes, les adolescents ont en réalité renforcé les marques identificatoires de leur appartenance à la communauté, mettant en lumière la fonction de cette dernière, celle d'espace de contenance. En conclusion, ces adolescents ont été rencontrés à mi-parcours, à la fois en voie de s'assurer une place dans leur communauté - en tant qu'héritière du lien et de l'identification familiale - et de se projeter vers l'extérieur, comme pour se « dégager » du lien familial et se reconstituer.